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bien être confidéré comme un fel neutre parfait, à trois parties ;'il n'altère en aucune manière les teintures bleues des végétaux; criftall:fé par l'évaporation moyenne, il fournit des cubes & des trémies à la manière du fel marin ordinaire. Par une évaporation fpontanée, il ne fournit point de trémies, & quelquefois les cubes font obliques : cette variété a déjà été obfervée par M. Gmelin. Si l'on prend des criftaux de fel marin mercuriel, les plus tranfparens, & qu'on les expofe au soleil, fur-tout après les avoir broyés, ils prennent un gris bleuâtre; plufieurs expériences m'ont appris que le mercure dans quelques circonftances, peut être revivifié par la feule action des rayons du foleil.

à la

Le fer crayeux s'unit auffi au fel marin, je n'ai point encore examiné dans quelle proportion; mais j'ai remarqué que dans cette furcompofition, le plus grand nombre des cristaux fufpendus aux trémies, porrent furface qui eft tournée vers le fond de la capfule une cavité quadrangulaire, ou une trémie en fens renversé de celle qui a fa bafe contigue à la furface de la liqueur: pour le dire en paffant, ceci fembleroit prouver que les trémies peuvent fe former au milieu des liqueurs auffi bien qu'à leurs furfaces; j'ai remarqué qu'un affez grand nombre de fels pouvoient dans diverfes circonftances, offrir de pareils phénomènes. Le fel marin martial, récemment criftallifé, n'a point la couleur fafranée; mais peu à peu, il devient ocreux, à l'extérieur feulement; car après un tems très-long, il ne paroît pas que l'intérieur du cristal foit atteint en aucune manière par cette altération. J'ai confervé pendant plus d'un an, une diffolution de ce fel expofé à l'air libre, elle étoit, après ce tems, fans aucun dépôt, & n'avoit rien perdu d'une limpidité auffi parfaite que celle de l'eau la plus pure. Je ne parlerai pas des inductions que l'on peut

tirer de cette obfervation relativement à certaines eaux minérales.

M. Monnet a fait connoître la combinaifon de plufieurs vitriols entr'eux; d'abord, du vitriol martial avec le fel d'epfom, puis avec le vitriol de cuivre ; enfuite des trois vitriols, martial, cuivreux & du zinc. Dans tous les cas ces fubftances falines fe font combinées en toutes proportions. II a remarqué le même phénomène dans la combinaison du vitriol martial avec le tartre vitriolé. Il a de même prouvé que la crême de tartre fe combine très-bien avec le vitriol martial. J'ai répété une partie des expériences de ce favant, & j'ai toujours obtenu des criftaux trèsréguliers.

Une diffolution à parties égales de vitriol martial & de vitriol de cuivre, donne des prifmes tétraedres rhomboïdaux, d'un bleu verdâtre. La forme de ces cristaux eft parfaitement bien déterminée, & il eft aisé de reconnoître à l'œil fimple, l'homogénéité de leurs fubftances. On peut les faire diffoudre & criftallifer à plufieurs reprises fans que cette fubftance, ni la configuration de ces criftaux, foient changées en aucune manière. On voit aifément qu'il y a une très-grande différence entre leur

forme

forme & celle des deux vitriols qui les compofent, considérés chacun dans l'état fimple. Je crois devoir obferver ici, que la forme conftante des criftaux du vitriol de cuivre eft un prifme oblique à huit pans: ce prifme dans certains cas de pofition, devient un cristal à feize faces, ce que je ferai connoître plus particulièrement dans une autre occafion. Toutes les fois que l'on opère avec foin, la même liqueur fournit toujours des criftaux parfaitement femblables entr'eux, aux modifications de pofition près, & je fuis porté à croire que cela peut fe dire de tous les fels criftallifables; mais je parlerai plus particulièrement de toutes ces différentes formes dans le Mémoire que j'ai propofé comme fuite de mon Effai fur les phénomènes de la criftallifation, & il me fuffira d'expofer ici les différentes efpèces de criftaux dont j'ai à parler.

Un mêlange de trois parties de vitriol martial & une partie de vitriol de cuivre donne des criftaux d'un verd d'émeraude & de même forme que les précédens; feulement, quelques différences dans la couleur, diftinguent ces deux éfpèces de furcompofés. Il faut remarquer que dans ces furcompofitions, & dans la plupart de celles dont je vais parler, les liqueurs donnent des criftaux fur lefquels je n'ai jamais rencontré aucunes faces furnuméraires: ces fels compofés de vitriol martial & cuivreux, & quelques autres, ont été reconnus, depuis long-tems. MM. de Romé de Lifle & l'Abbé Mongez rapportent que l'on trouve à Saltzberg, à Fallum & dans plufieurs endroits de la Hongrie, des combinaisons de cette efpèce qui ont été décrites par plufieurs Naturaliftes, tels Vallérius, Cronstedt, &c.

que Linné,

M. Monner a regardé la combinaison de certains fels vitrioliques entr'eux, comme impoffible; par exemple, fes expériences l'ont porté à confidérer l'alun comme une fubftance faline, qui n'admettoit rien de vitriolique dans la formation de fes criftaux, ni par combinaison, ni par interpofition ; & il fait remarquer à cette occafion, que l'alun & le vitriol martial, criftallifent féparément, dans les baffins des atteliers où l'on prépare ces fubftances en grand. L'autorité d'un obfervateur auffi éclairé eft d'un trop grand poids pour ne pas chercher à démontrer rigoureusement les furcompofitions de l'alun, dans les expériences que je vais avoir l'honneur de foumettre au jugement de l'Académie. Il paroît que la forme des criftaux a induit en erreur l'homme célèbre dont j'ai l'honneur de combattre l'opinion. Un examen plus particulier m'a fait connoître que certains fels avoient la propriété d'imprimer leur forme à d'autres fubftances falines, lorfque ces dernières ne font employées que comme furcompofantes, c'est-à-dire, en quantité moindre en quantité moindre que les premières. Je dois cet hommage à M. Monnet, que mes obfervations font en partie fon ouvrage : j'ai puifé dans fes Mémoires des connoiffances qui ont guidé mes opérations. M. Fougerou de Bondaroy a donné à l'Académie, année 1766, un Mémoire fur les alunières de la Tolfa, dans lequel cet Auteur parle

de cristaux d'alun dont la forme fe trouvé modifiée par la présence d'un troifième corps. M. Fougerou, conduit par cette obfervation, a obtenu plufieurs modifications, en ajoutant d'autres fels dans la diffolution

d'alun.

Le mêlange de l'alun & du vitriol martial, à parties égales, fournit des octaedres réguliers, qui quelquefois font fafranés, & d'autres fois d'une belle limpidité; mais pourtant toujours avec un reflet un peu jaune, ce qui devient très-fenfible lorfqu'on les compare avec les criftaux d'alun pur: d'ailleurs, le fer eft manifefté par la noix de galle dans la diffolution de ces criftaux futcompofés, & également dans toutes les fractions que l'on peut faire pendant cette même diffolution. La liqueur, en évaporant, fournit une petite quantité de dépôt ; mais le vitriol martial, foit qu'on le traite feul, ou avec d'autres fubftances, dépofe prefque toujours une portion plus ou moins grande de fa terre ; & dans la furcompofition dont il s'agit ici, le dépôt eft compofé de l'une & l'autre bafe des deux vitriols. Je n'ai pas cherché à unir ces deux fels dans d'autres proportions, il est vraisemblable que celles dans lesquelles le vitriol martial ne feroit pas employé en plus grande quantité, donneroient toutes l'octaëdre, puifque cette forme, qui eft celle de l'alun, paroît ici dominer dans la criftallifation. Cette furcompofition ne s'accorde point avec ce qui femble fe paffer conftamment dans les alunières; mais voici ce qu'il faut obferver à cet égard les fels criftallifent dans des proportions d'eau différentes, par exemple, une pinte de ce fluide, chargé d'alun autant qu'il peut en diffoudre à froid, fournit en peu de tems des cristaux, fi après avoir évaporé un quart environ de la liqueur, on l'agite: tandis que la difsolution du vitriol martial ne fournit ces criftaux, dans le cas d'une pareille proportion, qu'après une évaporation de plus de trois parties. Il fuit delà, que fi les deux vitriols n'avoient aucun rapport d'union, leur féparation exacte, par une première criftallifation, feroit très-facile, & c'eft ce qui n'arrive point, fur-tout dans l'évaporation lente: les premiers criftaux font toujours furcompofés, lorfqu'ils ont été formés dans le plus grand repos possible. Voici comment les chofes fe font paffées conftamment dans mes expériences.

J'ai partagé l'évaporation en fix tems différens, à commencer au point où la liqueur fournit les premiers criftaux : ce premier produit contient la moindre portion de vitriol martial; le fecond en contient beaucoup plus, & fucceflivement les proportions du vitriol augmentent, de manière que les criftaux des dernières évaporations prennent une teinte verte; alors ils paroiffent avec des formes moins régulières; pendant ces derniers tems, il fe forme, à côté des criftaux colorés, d'autres criftaux qui, au coup-d'œil, annonceroient la féparation exacte des deux fels; mais les plus tranfparens & les plus limpides contiennent alors une très-grande quantité de fer. De plus, le poids des criftaux colorés n'équivaut pas à la

dixième partie du vitriol martial employé dans la combinaison, & leur couleur est un verd clair qui ne prend jamais l'intensité de la couleur des cristaux du vitriol martial fimple. Je pourrois ajouter, que dans plufieurs alunières, on rejette une quantité affez confidérable d'eaux-mères. Je croirois volontiers, que la force qui détermine les molécules falines à fe rapprocher & à fe joindre, varie dans les différens fels, & que c'est-là une des caufes qui les féparent dans l'évaporation. Les diffolutions & criftallifations fucceffives de l'alun martial préfentent toujours le même phénomène; en forte que l'on peut, par ce moyen, & fur-tout en faifant éprouver des chocs à la liqueur; on peut, dis-je, féparer ces deux fels en plus grande partie, quoiqu'il y ait entr'eux un rapport d'union.

L'alun s'unit au fel de Glauber avec plus de facilité encore ; mais il n'en eft pas de même du vitriol de cuivre ; je ne détaillerai point les opérations que j'ai faites fur ces deux derniers fels ; j'obferverai feulement que dans le mêlange du vitriol cuivreux avec l'alun, la forme des criftaux eft réciproquement modifiée, comme on peut s'en convaincre en examinant ceux que je préfente ici. Par rapport au fel de Glauber, fa combinaifon à parties égales avec l'alun, donne des criftaux qui different peu du fel de Glauber fimple; ils effleuriffent auffi aifément & ne peuvent être confervés. En augmentant les proportions de l'alun on obtient des octaëdres aluniformes qui deviennent d'autant plus folides que l'alun y eft en plus grande quantité. Ces criftaux dans la plus grande tranfparence, n'ont jamais la diaphanéité des cristaux d'alun pur leur diffolution eft d'un louche laiteux, & elle paffe dans cet état à travers le filtre. Une efflorescence comparative ajoute de nouvelles preuves de la furcompofition de l'alun par le fel de Glauber; mais il fuffit des phénomènes que préfentent les criftaux du fel de Glauber furcomposé par l'alun, ainfi que j'ai eu l'honneur de les faire connoître à MM. Darcet & l'Abbé Haüy, pour démontrer le rapport d'union qui exifte entre ces deux fels.

Préfumant qu'une fubftance introduite dans l'alun, à la faveur de l'excès d'acide qui fe trouve ordinairement dans ce fel, pourroit offrir quelques phénomènes particuliers, je fis l'opération fuivante: je pris trois onces d'alun de roche trituré, j'ajoutai une pinte d'eau & je laiffai diffoudre à froid, en agitant la liqueur de tems à autre: elle fe chargea de deux onces trois gros & douze grains d'alun. J'ajoutai à certe diffolution une demi-once de fer en limaille; la diffolution agit à froid fur le métal; mais la chaleur me parut accélérer fon action : & après quelques heures, l'effervefcence fut très-peu fenfible. Je laislai refroidir & je filtrai : l'alun avoit diffous un demi-gros de fer, & la liqueur avoit pris la couleur de fafran; traitée par tous les genres d'évaporation ordinaire," cette liqueur ne donna qu'une très-petite quantité de cristaux fenfibles; elle a fourni, jufqu'à la fin, & fous la forme d'un précipité terreux, plus

des neuf dixièmes du poids des matières employées dans la combinaison: J'ai trouvé cette fubftance parfaitement foluble dans l'eau. Ne pourroiton pas la regarder comme analogue à l'alun micacé de M. Beaumé ?

Dans toutes les furcompofitions alumineufes dont nous venons de parler, on a vu, en général, la forme octaëdre prévaloir; mais la force d'aggrégation entre les molécules falines, ne pourroit-elle pas recevoir des modifications de différentes manières relativement aux corps qui leur font unis ou interpofés? En effet, le mêlange des vitriols cuivreux, martial, du zinc & l'alun, ce dernier en quantité moindre que chacun des trois premiers, ne donne point d'octaedres. Ce font des prifmes, qui ne different fenfiblement des cristaux du vitriol martial cuivreux, que dans l'intensité de la couleur : on pourroit peut-être préfumer que, dans cette expérience, la cristallisation du vitriol martial, qui offre dans fes molécules primitives, des rhomboïdes peu différens du cube, ainfi que M. l'Abbé Haüy me l'a fait voir d'après le travail qu'il a commencé fur cette espèce de fel, que cette criftallifation, dis-je, l'emporte fur celle de l'alun, & même des deux autres fels. Il fe préfente ici une objection, favoir, fi dans certaines proportions, le vitriol martial, ajouté seul, influeroit fur la forme des criftaux de l'alun, & quelle forme résulteroit du mêlange des vitriols cuivreux, du zinc & d'alun, &c. Mais ces expériences font dans le nombre de celles qui me restent à faire, & dont je me propose de donner les résultats dans la fuite: d'ailleurs, je crois devoir obferver encore que ces expériences ont befoin d'être très-multipliées pour pouvoir déterminer, d'une manière bien pofitive, quelles font les fubftances falines qui méritent bien réellement le nom de furcomposés.

EXTRAIT D'UNE LETTRE

DE M. CHAPTA L,

A M. LE BARON DE DIETRICH.
Paris le 18 Juin 1787.

ONSIEUR,

J'ai été reconnoître fur le lieu même, la manganèfe que je vous avois annoncée dans mes Lettres précédentes; elle est à environ cent cinquante toifes de Saint-Jean de Gardanenque dans les Cévennes; elle s'annonce par des veines affez irrégulières, que les éboulemens d'un granit pulvé

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