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blanchâtres, épaiffe de 4 pieds, & qui contient du filex dans fa partie fupérieure. Au-deffous fe trouve cinq ou fix couches peu épaifles d'une pierraille plus petite, de même espèce que deflus, qui enfemble forment une épaiffeur d'environ deux pieds, & qui au lieu d'être parfaitement horizontales font ondulées comme feroit la furface d'une eau légèrement agirée.

On trouve enfuite une maffe d'argile, épaiffe d'environ 12 pieds; portée par une couche de 3 à 4 pieds d'épaiffeur, qui eft compofée d'une infinité de feuilletis d'argile & de gypfe dont quelques-uns font criftallifés.

C'eft dans ces feuilletis que fe trouvent les criftaux de félénite furtout dans les fentes & vers le fond.

Ce feuilletis, eft porté par une couche de pierres marneufes, compofée de plufieurs lits, & dont l'épaiffeur eft de 9 pieds. On trouve encore, mais plus rarement, des criftaux de félénite dans les interstices de ces lits, dans les fentes, & fur-tout fur la couche fupérieure qui porte les feuilletis gypfeux. La criftallifation a été fort confufe fur cette couche fupérieure, mais elle a été quelquefois fi abondante en certains endroits, que les criftaux font adhérens à la pierre & la couvrent d'une épaiffeur de plufieurs pouces.

Sous cette couche de pierres marneufes ou trouve enfuite une autre couche encore de 9 pieds d'épaiffeur, toute compofée de feuilletis gypfeux. On trouve beaucoup de cristaux de félénite dans cette couche qui eft portée par une autre de pierres marneufes, de 6 pieds d'épaiffeur, fous laquelle fe trouvent des couches argilo-gypfeufes en feuillets peu épais, mais qui en totalité, conftituens une masse épaifle de 18 pieds. La pierre à plâtre porte cette dernière maffe dans laquelle il paroît qu'il ne fe forme point de cristaux féléniteux.

Je ne continuerai pas plus loin la defcription des différentes couches qui forment cette bute.

Si l'on fe trouvoit réduit, pour avoir les criftaux qui font l'objet de cette lettre, à les aller chercher dans les couches que je viens d'indiquer, il faut avouer que l'on auroit de la peine à en faire une collection, foit à caufe de la difficulté de pouvoir examiner un affez long efpace de ces couches, foit auffi parce que l'on ne pourroit avoir que ceux qui fe trouveroient à découvert par les coupures. Mais heureufement pour les curieux, l'on exploite aujourd'hui les carrières à ciel ouvert. Il faut que les Ouvriers déblaient les 64 à 66 pieds qui couvrent le premier lit de la pierre à plâtre. Ils déblaient pour leur commodité seulement, & ils jettent les terres & les pierres du haut en bas, où elles font reprifes & portées dans quelqu'endroit à l'écart afin de pouvoir tirer librement la pierre à plâtre.

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Ce font ces déblais qui fourniffent les criftaux de félénire, non

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pas dans les endroits où on les entafle confufément, mais dans les talus que les terres forment à mesure que les Ouvriers les précipitent du haut en bas, ou bien lorfqu'elles s'éboulent spontané

ment.

Il exifte dans les côtés de cette bute, fur-tout vis-à-vis de la voirie, de ces éboulemens qui datent des années dernières. Les gelées d'hyver ont fait élixer les terres qui étoient en masses. Les pluies, & fur-tout celles du mois de Juin dernier, ont lavé ces terres, elles en ont entraîné toute la fuperficie la plus légère. Elle y ont même formé des rigoles qui font comme des petits ravins. C'est à la furface de ces terres ainfi élixées, lavées & ravinées, que vers le milieu du mois de Juillet, & depuis peu encore, j'ai fait une ample collection de cristaux de félénite, tant folitaires que grouppés & en drufe. Je n'y ai pas trouvé le cristal décaëdre rhomboïdal qui eft la première efpèce, la forme primitive & régulière de la félénite, (Cristallogra phie de M. de Romé Delifle tome premier, page 444), mais j'ai rencontré la première variété, (ibid. page 446), la félénite décaëdre rhomboidale allongée, c'est-à-dire, un criftal prifmatique hexaëdre à fommets diedres. Les plans des pyramides tronquées forment un parallelogramme obliquangle dont les angles aigus font, ainfi que M. Delisle l'a observé, de 52 degrés, & les obtus de 128. Cette efpèce eft affez rare. Je n'en ai trouvé que quelques criftaux, encore le plus grand n'a-t-il qu'environ II lignes de longueur, 4 de largeur & 3 d'épaiffeur.

J'ai encore trouvé la troisième variété qui eft la félénite prifmatique hexaëdre terminée par des fommets tièdres alternes dont une des faces eft curviligne. Cette efpèce eft la plus abondante. Le plus grand criftal folitaire de cette variété que j'ai trouvé, a 2 pouces de longueur, 9 lignes de largeur & 6 d'épaifleur. Un fecond pareil, a 20 lignes de long. Ces deux premiers font un peu terreux intérieurement. Leur tranfparence n'eft pas abfolument nette; j'en ai trouvé un troifième de 17 lignes de longueur, 9 de largeur, autant d'épaiffeur, & d'une tranfparence beaucoup plus nette. On voit, à fon centre, la forme très décidée d'un premier criftal prifmatique rhomboïdal, long de 7 lignes & large de deux. Il paroît avoir été le premier type ou premier cristal qui auroit groffi par fuperaddition de cristallisation. Il se montre par la figure d'un parallelogramme obliquangle, avec une diagonale tirée de l'un à l'autre des deux angles aigus. Les angles aigus de ce cristal font de 52 degrés, & les obtus de 128; de forte que ce cristal contient intérieurement la forme primitive rhomboïdale, & l'extérieur préfente la variété

J'ai trouvé beaucoup d'autres criftaux pareils, mais plus petits & décroiffans en grandeur jufqu'à la dimenfion de quelques lignes

feulement, plufieurs ont leurs prifmes égaux en épaiffeur & en largeur.

Des cristaux d'une autre forme ont le prifme fort applati & deux fois plus large qu'épais. Ils font une quatrième variété que l'on peut nommer félénite applatie, prifmatique, décaëdre, hexagone, à Jommets diedres, quelquefois tétraedres, dont les angles font de 110 dcgrés. C'est la quatrième variété, de la Criftallographie, page 452, qui montre affez ordinairement 14 faces. Souvent les fommets, au lieu des faces, font allongés en vives-arrêtes, & préfentent par une pointe obtufe la forme d'un fer tranchant, ce qui fait une fous-variété de cette espèce. Ces vives-arrêtes forment la crête de coq quand les pointes font émouffées & arrondies, & quand les criftaux groupés font un drufe. On en trouve de cette efpèce qui font fort petits, ammoncelés, couchés & tapés les uns fur les autres. Dans cet état ils ne forment point un drufe, mais une maffe. C'eft ce que l'on nomme fimplement gypfe lenticulaire, parce que ces petits criftaux paroiffent prefqu'entièrement ronds par les bords & renflés à leur centre.

Je passe à une autre espèce, qui eft la variété 6, Criftallog. page 457; dont les cristaux font à fommets curvilignes, mais à facettes planes fur le prifme hexaëdre qui eft applati. Pai trouvé plufieurs cristaux de cette J'en ai un d'un pouce de espèce, les uns fort petits & d'autres plus gros. J'en ai un d'un longueur, autant de largeur, & fix d'épaiffeur; j'ai trouvé beaucoup de prifmes de cette efpèce. Les uns ont quelques pouces de longueur & les, autres moins. Tous font également applatis, mais leurs fommets font terminés irrégulièrement ou fracturés. J'ai auffi rencontré quelques prifmes, toujours hexaedres, dont les faces font prefqu'égales; ils font affez rares, parce qu'ils fortent de l'ordre commun, qui eft que le prifme doit être applati. Ce fait eft prouvé par beaucoup d'autres prifmes, également applatis, affez gros,,& affez épais, qui font comme crennelés ou déchiquetés fur les bifeaux, parce que ces prifmes ne font alors formés que par des criftaux décaedres rhomboïdaux, allongés, implantés les uns fur par leurs les autres, adhérens ensemble, & fommets qui font réguliers, très-diftincts, & très-féparés les uns des autres. On en trouve encore quelques-uns qui n'ont guère que deux lignes d'épaiffeur; & qui n'en montrent pas moins par leurs biseaux dé-hiquetés le même fyftême de criftallifation. Tous ces prifmes, en général, ainfi que ces criftaux prifmatiques, font très-diaphanes, parce qu'ils ont englobe, dans leur criftallifation, moins de terre que les autres.

que

P'on reconnoît aifément

Je n'ai trouvé aucune autre variété des formes primitives des criftaux de félénite. Je ne décrirai point les drufes que j'ai ramaffés, & qui font en grand nombre. Les uns font en boules ou parfaitement rondes ou applaties; les autres affectent différentes figures plates ou ovales & plus ou moins anguleuses. Parmi ces drufes qui font plus ou moins gros, &

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parmi lesquels il y a une espèce de crefcence depuis la capacité d'un quart de pouce cube jufqu'à la groffeur du poing, il eft aifé de diftinguer ceux dont les criftaux, à bifeaux tranchans, forment la crête de coq dont je viens de parler; mais dans tous la forme principale que l'on remarque eft toujours la félénite prifmatique hexaedre à fommets trièdres, dont une des faces eft curviligne.

Je fouhaite que ces obfervations foient utiles à quelques curieux, & qu'elles les conduisent à quelqu'obfervation intéreffante. J'ai l'honneur d'être, &c.

Paris, premier Septembre 1786...

MÉMOIRE

Sur les moyens de maçonner dans l'eau à très-grande profondeurs

LE

Par M. DE LEVRITZ, Chevalier de Saint-Louis.

E Journal hiftorique de Genève, no. 30', année 1784, donne les détails de la conftruction & du placement des caiffes à clairevoie qui doivent former les jettées de Cherbourg, Ce projet de l'établiffement d'un port à Cherbourg propofé depuis fi long-tems, fi vafte dans fon objet, étoit arrêté par les difficultés de l'exécution. M. de Ceffart vient de les furmonter. L'idée ingénieufe de fes caiffes & de leur placement a eu le plus grand fuccès & lui a mérité l'admiration de toute l'Europe.

If eft, fans doute, du plus grand intérêt que cet ouvrage immenfe qui doit former la rade de Cherbourg foit à l'épreuve des grandes marées, tant par fon importance que par les dépenfes de la conftruction & les dépenfes plus grandes encore de l'établissement 'd'un nouveau port de la marine royale, des fortifications, &c. qui deviendroient inutiles.

On paroît craindre que. les caiffes à claire- voie remplies de groffes pierres jettées fans mortier quoique la charpente en foit très forte & très-bien travaillée, ne réfiftent pas long-tems aux coups de mer. En effet, M. de Ceffart ne donne que 60 degrés de talus aux côtés de fes cônes tronqués, en fuppofant même que la bafe portât fur un fond bien de niveau (ce qu'il eft difficile d'attendre) le talus n'eft pas affez grand. Quand les pierres de toutes figures tiendroient fur ce talus hors de l'eau, eft-il bien affuré

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bien affuré que, jetées au hafard dans les caiffes, elles fe maintiendront fur ce talus dans l'eau ? Ne peut-il point arriver que plufieurs fe trouvent placées en coins contre une partie de la charpente & la chaffent continuellement par les fecouffes de la mer qui cauferont toujours un ébranlement aux caiffes. De plus, les cônes s'enfonçant de plufieurs pieds dans la vase, il est au moins affuré que les pierres dans la vafe ne tiennent fur aucun talus, & que celles d'en bas preffées & chaffées en tous fens par le poids des fupérieures, agiront fortement contre les pièces inférieures du cône, & peuvent les faire céder.

Cet accident qui entraîneroit peu à peu la deftruction des caiffes ne feroit point à craindre, i les caiffes étoient maçonnées; il n'y auroit point d'ébranlement dans la charpente, & quand elle manqueroit, il refteroit toujours la maffe de la maçonnerie qui tous les ans fe confolideroit de plus en plus.

Il y. a environ dix ans que nous fimes conftruire dans ce quartier (la baffe pointe) une rampe en maçonnerie pour porter nos fucres à l'embarcadère. Les fondations furent fouillées dans le fable, environ à trois pieds au - deffous du niveau de la mer, & elles fe remplirent des eaux qui filtroient. Cette partie étoit peu confidérable : nous n'avions pas fous la main des feaux ou des pompes pour l'épuifement des eaux. Nous fîmes jetter dans les fondations quelques barrils de chaux vive, du mortier fec fait la veille & des moëllons, alternativement & brufquement, & nous élevâmes le mur & la rampe fur ces fondations. L'année fuivante un raz de marée fouilla dans les fondations dans cette partie, les mit en l'air, fans les entamer, & fans endommager le mur qu'elles portoient. Nous refimes la même opération fous œuvre, en profitant des baffes eaux, & l'ouvrage fubfifte en fon entier.

J'eus occafion d'obferver 1°. que le mortier qui lioit les moëllons de la fondation éroir plus dur que celui du mur travaillé en mêmetems hors de l'eau. 2°. Que la maçonnerie prenoit bien & en peu de tems de la confiftance fous l'eau, pourvu qu'il n'y eût point de courant qui détrem pât le mortier, ce qu'un épuifement continuel pendant la conftruction pouvoit occafionner. 3°. Qu'il feroit poflible de maçonner folidement à toute profondeur dans l'eau, fi on pouvoir parvenir à rendre l'eau ftagnante pendant quelques mois, & à y faire defcendre le mortier fans qu'il fe détrempât & fe décomposât dans la descente.

D'après ces obfervations, je fis remplir de mortier fec battu de la veille trois facs de toile gaudronnée, je les fis bien fermer & placer à quelques pas dans la mer fous de groffes roches. Comme les jettées en pierres perdues ne tiennent point dans l'Océan, j'imaginois. qu'en mêlant les pierres & les facs de mortier, on donneroit de la confif

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