Page images
PDF
EPUB

JOURNAL DE PHYSIQUE.

FÉVRIER 1787.

DU CHARBON DES MÉTAUX;

Par M. PRIESTLEY.

LE hafard m'a fait découvrir une fubftance que j'ai nommée le charbon des métaux. En faifant paffer dans un tube de cuivre chauffé au rouge, une quantité d'efprit-de-vin en vapeurs, tout l'intérieur du tube a été converti en une poudre noire, ou fubftance friable. Dans les vues de pouffer plus loin mes obfervations fur la nature de ce procédé j'ai mis le cuivre dans un tube de terre, fur lequel je n'ai point trouvé que la vapeur de l'efprit-de-vin eût exercé quelqu'action, quoiqu'il eût été lui-même décompofé dans fon paffage, en fe changeant principalement en air inflammable.

Dans la première expérience j'ai fait paffer trois onces d'efprit-devin fur deux onces de cuivre, au degré de feu qui tenoit ce dernier en fufion: il s'eft dégagé une quantité confidérable d'un air tel que je pouvois l'attendre de l'efprit de-vin feulement; mais ce qui m'a le plus furpris dans le réfultat, a été que, quoique le cuivre n'ait perdu que vingt-huit grains de fon poids, j'ai ramaffé dans le moment quatre cens quarante-fix grains de ce charbon, principalement fous la forme de poudre, quoiqu'une partie fût en larges flocons de plufieurs pouces de long; les morceaux les plus gros fe laiffoient manier fans fe caffer, & ils étoient bien près d'être tout-à-fait noirs.

Dans une autre expérience j'ai eu cinq cens huit grains, de charbon de dix-neuf grains de cuivre ; mais alors le cuivre étoit en petites lames; & ces cinq cens huit grains n'étoient pas convertis en charbon parfait : ils étoient un peu plus durs, & cependant il y avoit une partie métallique dans

leur intérieur.

Une grande quantité de ce charbon étoit difperfée fous la forme d'une poudre fine noire que l'air avoit entraînée; & quoique le cuivre que j'y ai ramaffé parût faire feulement environ la fixième partie du total, je crois que je puis avancer, que dans la réalité il ne faifoit pas plus de la vingtième partie. A cet égard, il reffemble au charbon de bois ou au charbon de terre, dans lequel les cendres font en petite quantité

relativement à l'air inflammable ou phlogistique qui conftitue la masse du charbon. Le charbon du cuivre eft auffi comme infoluble dans les acides, de même que celui du bois, & il lui reffemble à beaucoup d'autres égards.

Lorfque dans ce procédé on a employé un grand feu, l'extrême divifion & la volatilité de ce charbon ett très-extraordinaire. Il fortit du fond du tube sous la forme d'un nuage noir & épais; je travaillai à rassembler cette matière dans un large ballon de verre, mais après avoir fait dans le ballon une couche uniforme, mais mince & noire, & trèsfemblable en apparence à la fuie, cette matière eft fortie de l'orifice fous la forme d'une fumée épaiffe. J'adaptai à ce ballon différens autres tubes & vaiffeaux de verre, dans lefquels la matière a préfenté les mêmes résultats. Enfin, je plongeai le dernier tube dans un grand vaiffeau plein d'eau ; & l'air eft encore paffé à travers l'eau, chargé de cette même fumée épaiffe, & de la petite quantité de matière qui avoit été ramaffée (1). J'eus donc la fatisfaction de voir que la feule manière de raffembler une quantité confidérable de cette matière, étoit de pouffer le feu jufqu'à rendre le cuivre rouge, ou plutôt jufqu'à le faire entrer en fufion.

Je foupçonnai que l'efprit de thérébentine étoit auffi propre à la pro dution de ce charbon que l'efprit-de-vin. J'en fis l'expérience, & j'obtins cent vingt grains de charbon de cinq grains de cuivre nonobftant une fumée noire très-épaiffe qui étoit charriée par de l'air, & dans laquelle, fans contredit, il y avoit une grande quantité de charbon difperfée & perdue.

Je tentai differentes expériences fur cette nouvelle fubftance que je m'étois procurée, & je fus très-furpris de trouver qu'elle ne pouvoit fe fondre à l'air libre qu'à l'aide du miroir ardent, & que la chaleur ne produifoit point fur elle d'effets fenfibles (au moins dans un petit efpace de tems), mais elle brûle rapidement dans l'air déphlogistiqué, (comme je me propofe de le décrire plus particulièrement dans la fection relative à l'air fixe) & fe conyertit prefqu'entièrement en air fixe.

Il ne doit pas paroître furprenant que cette fubftance n'ait pas produit d'effet fenfible, étant échauffée dans l'air inflammable ou alkalin; mais lorfqu'on l'a chauffée jufqu'au rouge dans ce dernier, l'air a augmenté confidérablement en mafle, & eft devenu inflammable en très-grande partie, comme il le feroit devenu avec toute autre chofe.

(1) L'ncoercibilité de cette fuie fous la forme de vapeurs reffemble beaucoup à la vapeur produite par la décompofition de l'air inflammable & déphlogistiqué, `que l'on savoit déjà ne point être retenu par l'eau en la traverfant.

En confidérant cette fubftance comme un charbon, & étant conduit alors par ma découverte à faire paffer de la vapeur d'eau fur du charbon de bois renfermé dans un creufet de terre rouge, je traitai une quantité de ce charbon de la même manière, & le réfultat a été tel que je devois m'y attendre. Il s'eft dégagé une quantité d'air inflammable, & il eft refté une substance peu colorée, qu'on peut appeler la cendre du métal. Quarante grains de ce charbon ont été réduits à dix-huit par ce procédé, & j'ai raffemblé environ deux cens onces d'air, lequel a paru trouble d'abord, & brûlant d'une flamme bleue légère.

J'effayai à répéter le même procédé fur d'autres métaux. En commençant par l'argent, j'ai trouvé qu'il avoit été altéré comme le cuivre. Mais quoique la matière que l'air avoit entraînée fûc à-peu-près auffi noire que celle retirée du cuivre, & qu'elle fe foit fublimée dans les vaiffeaux fous la forme d'une poudre noire extrêmement divifée, les plus grandes maffes de ce charbon étoient un peu plus blanches que celui retiré du cuivre.

L'or n'a pas été du tout altéré dans ce procéde, ni n'a fenfiblement changé ou diminué de poids. Au commencement cependant il eft forti une fumée d'une couleur noirâtre. Je n'ai pu en découvrir la caufe; mais ce phénomène a bientôt disparu.

Ayant obfervé que ce procédé avoir un effet fi remarquable fur le cuivre & aucun fur l'or, j'ai imaginé qu'il nous fourniroit un nouveau moyen de féparer le cuivre d'avec l'or; mais j'ai trouvé que ce moyen étoit infuffifant. J'ai fait un mêlange de dix grains de cuivre avec cent grains d'or; mais le cuivre a été défendu par l'or de l'action de l'efpritde-vin, & la masse n'a rien perdu de fon poids.

Il ne m'a pas été poffible de me procurer beaucoup de charbon avec le plomb. Ayant employé trois onces d'efprit-de vin & quatre onces de plomb, j'ai feulement obtenu une petite quantité d'une fubftance pulvérulente & blanchâtre, quoique le plomb ait perdu cinquante-huit grains de fon poids; mais l'intérieur du tube de verre à travers lequel l'air inflammable avoit paflé, étoit très-noir; de manière qu'une grande portion du plomb étoit probablement volatilifée & difperfée; & néanmoins je n'avois pas employé une grande chaleur.

Ayant fait paffer trois onces d'efprit-de-vin fur trois cens foixante grains d'étain à l'état d'incandefcence, il n'a pas perdu tout-à-fait quatre grains, & la pouffière noire que j'ai ramaffée pefoit vingt-fix grains. L'air étoit très-noir.

J'ai fait paffer dix onces d'efprit fur deux cens foixante grains de copeaux de fer. Le résultat étoit que l'air étoit chargé de particules noires, & le poids du fer avoit diminué de deux grains; mais il ne m'a point été poffible de ramaffer du charbon. Le fer a acquis par ce moyen une couleur d'un noir-bleu.

LETTRE

DE M. PASUMOT,

Ingénieur du Roi, &c.

'A M. DE LA METHERIE,

Sur les endroits où l'on peut faire collection de Criftaux de Sélénite.

MONSIEUR;

ONSIEUR;

Il n'eft aucun Naturalifte qui ne fache que l'on trouve beaucoup de cristaux de félénite à Montmartre ainfi qu'à la bute de Chaumont, Belleville, &c. mais il n'y a peut-être qu'un petit nombre de personnes qui fachent précisément dans quelles couches de terres ou de pierres il faut chercher ces criftaux, & comment on peut s'en procurer affez pour faire une collection des plus beaux, des mieux grouppés & des plus diaphanes. Je n'entends point parler de cette criftallifation confufe qui forme un des lits de la pierre à plâtre, & que les Ouvriers des carrières nomment les Laines. Je veux parler des criftaux réguliers, folitaires, maclés ou grouppés, ou en drufes, & dont quelquesuns font d'une tempérance auffi nette que le criftal de roche.

Montmartre n'eft pas l'endroit le plus propre à enrichir les cabinets d'Hiftoire naturelle de ces fortes de criftaux, parce que l'exploitation. continuelle des carrières y met obftacle; mais les différentes dégradations de la bute Chaumont, offrent à ce fujet tout ce que l'on peut défirer, tant dans la partie feptentrionale qui regarde le village de Pantin, qu'à la pointe à l'occident & même dans la partie méridionale du côté de Paris. On peut, par les talus que préfentent les carrières que l'on a exploitées & éboulées ces années dernières monter du plus bas au plus haut, en cherchant les endroits les plus commodes, les uns pour visiter le fommet, les autres pour pouvoir obferver à l'aife le milieu, & d'autres enfin pour contempler avec réflexion le pied de cette bute.

En profitant ainfi de plufieurs dégradations, on trouvera dans le haut, la terre végétale, d'environ un pied ou 18 pouces au plus d'épaiffeur. Elle eft portée par une couche marneufe, de groffes pierrailles

« PreviousContinue »