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morceaux très - menus, amfi que la pouffière font tranfportés à un

lavoir où on les nettoie.

On met enfuite les plaquettes recouvertes de petits morceaux & de la poulière dans des creufets qui contiennent 60 livres de fer chacun. Ceux-ci font mis dans des fours à réverbère, où les differens morceaux fe foudent enfemble. Au bout de quatre heures les pors fe fondent, & les morceaux de fer qui y font contenus ne forment plus qu'une feule maffe que l'on porte aux marteaux pour l'é

tirer en barres.

Tel eft le procédé d'affinage que pratiquent les Anglois, & qui donne au fer ainfi préparé beaucoup de ductilité & de ténacité. Les expériences qu'on a faites à Mont Cenis ont prouvé qu'eu égard à la bonne qualité de charbon qui ne contient, pour ainfi dire, point de pyrites, on pouvoit obtenir du fer de bonne qualité, en formant la loupe dans le creufet même, ainfi que cela a lieu dans l'ancien procédé qu'on vient de décrire, & fans avoir befoin de réduire la fonte affinée en petites plaquettes, que l'on foude enfuire à la famme des fours à réverbère.

Cependant comme il eft bien démontré d'une autre part que ce nouveau procédé donne au fer toute la qualité dont il peut être fufceptible, on s'est déterminé à les pratiquer tous deux; & par ce moyen le public trouvera à s'affortir dans la même forge de plufieurs efpèces de fer.

Le procédé ancien eft moins difpendieux; mais le fer eft de moindre qualité, & par conféquent coûte moins cher. Le procédé nouveau eft un peu plus coûteux. Il donne du fer de première qualité, dont le prix eft un peu plus haut.

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La manufacture de criftaux établie au Parc de Saint Cloud fait de la gobeleterie auffi belle que celle d'Angleterre. On y a aussi fabriqué de très beaux luftres, & du flint - glafs dont les opticiens ont été fort contens.

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Mais la qualité du verre a fouvent varié, parce que le charbon de terre dont on chauffoit les fours à Saint- Cloud, n'étoit pas toujours également bon, quelque foin que l'on prît pour le choifir. C'est un très grand inconvénient que d'avoir un charbon d'une qualité inégale; car on ne peut plus établir une marche régulière dans les opérations Lorfque le feu n'eft pas affez ardent, la fufion fe fait trop lentement, & une partie des fels qui doivent fervir de fondants s'évapore, ou bien elle eft incomplette, & la diffolution refpective des parties qui forment le verre, n'eft pas affez parfaite. D'où naiffent l'œil gélatineux, les fils & les bulles qui altèrent la pureté du verre, malgré l'exactitude des procédés qu'on fuit.

La qualité inégale & fouvent mauvaife du charbon de tere n'é

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toit pas le feul inconvénient auquel fût fujet l'établiffement fait Saint Cloud. Le prix exceffif de ce combuftible, celui de la maind'œuvre à deux lieues de la capitale, l'efpace trop reflerré des atteliers, étoit un obftacle à fes fuccès. Ces motifs étoient plus que fuffifans pour en changer le local. En la plaçant au Creufor, elle fe trouve fur une mine de charbon de terre excellent, & d'une qualité égale. D'ailleurs elle jouira de tous les autres avantages de cet établiffement. Elle pourra donc fans difficulté étendre fes progrès, & proportionner fes opérations aux befoins des différentes parties du Royaume. Ainfi le midi de la France manquant de verres en table, à caufe de fon éloignement des manufactures de verres de cette ef pèce, la verrerie de Mont Cenis' pourra l'en approvifionner par le canal du Charollois, par la Saône & le Rhône.

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Les bâtimens pour un fi bel établissement & une auffi grande quantité d'ouvrages différens devoient avoir une étendue fuffifante afin qu'il n'y eût point de confufion parmi les ouvriers dans le tems du travail. Il n'étoit pas moins néceffaire de les conftruire d'une manière folide & durable. On a fu réunir l'un & l'autre. On croiroit peut-être, au premier coup d'œil, qu'ils font trop étendus. Mais lorsqu'on entre dans les détails, on s'apperçoit bientôt qu'il n'y a que ce qu'exigeoit la commodité. Et ce qui prouve encore mieux qu'on n'a eu en vue que l'utilité, c'eft que MM. les Adminiftrateurs & Directeurs n'ont point d'habitation particulière comme dans beaucoup d'autres établissemens moins confidérables, & ils font logés dans les mêmes bâtimens que les ouvriers.

Il manquoit une rivière navigable au Creufor pour faciliter les tranfports. C'est ce que va procurer dans trois ou quatre ans le nouveau canal qu'on ouvre pour établir une communication entre la Saône à Châlons, & la Loire à Digoin, & dont une partie eft déjà faite. Il ne paffera qu'à une lieue & demie de la fonderie, & MM. les Elus généraux de Bourgogne voulant procurer à cet établiffement tous les avantages dont fa fituation le rend fufceptible, font faire une branche navigable qui communique au canal, & fe termine à une demi-lieue de l'établiffement. Ainfi pour rendre les fontes & les fers fabriqués au Creufot dans les ports de l'Océan, de la Méditerranée, à Lyon, à Beaucaire, Saint-Chaumont & SaintEtienne en Forez, il n'y aura qu'un trajet d'une demi - lieue à faire par terre. Les mêmes forges pourront auffi envoyer par la Loire & fournir Paris par le canal de Briarre à auffi bon marché pour le celles de Champagne fituées à portée de la Marne.

moins que

On apportera par la même voie du canal tout ce qui pourroit être utile à l'établissement, & principalement la mine de fer. Il n'y aura de transport par terre que l'efpace d'une demi - lieue. Ainfi

les mines de fer ne coûteront guère plus pour le tranfport que celles de charbon.

A cette époque qui eft très - prochaine, on ne pourra pas citer en Europe un établiffement auffi avantageufement fitué, pour la facilité & le bon marché des importations des matières brutes, & des exportations des matières fabriquées.

NOUVELLES LITTÉRAIRES. ABREGE d'Histoire-Naturelle pour l'inftruction de la Jeunesse, imité de l'Allemand de M. RAFF, Profeffeur d'Hiftoire & de Géographie à Goettingue ; par M. PERRAULT: première partie, avec figures. A Strasbourg, chez Koenig; & à Paris, chez Barrois jeune, 1786, in-8°. de 509 pages.

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On prouve dans la Préface la néceffité qu'il y a d'apprendre de bonne heure aux enfans les élémens d'Hiftoire Naturelle, & on démontre le mérite des inftructions contenues dans cet abrégé, qui eft en dialogue: les interlocuteurs font le bon Ami & les jeunes Amis. Il eft aifé de penfer que ces entretiens familiers font très à la portée des jeunes gens. Après une introduction, M. Perrault traite des trois règnes de la nature. Il débute par les plantes. Les unes vivent feulement quelques heures, d'autres fix mois, d'autres enfin, qui non-feulement paflent l'année, mais qui durent des cinq, dix, trente, foixante, quatre-vingts ans. Le chêne peut refter fur pied pendant quatre ou cinq fiècles. A la defcription lumineufe, précife de chaque article, fe trouve des dérails fur les propriétés & ufages; l'indication des endroits où croît fpontanément la plante dont il fait mention.

y

Le règne animal débute par les infectes; ces petits animaux ont la vie fort dure, Une mouche à qui l'on vient de couper la tête, ne laiffe pas de voler & de s'enfuir. Il y a des infectes que l'on peur tenir plufieurs mois embrochés à une épingle fans qu'ils en meurent, quoiqu'ils ne mangent rien, car les infectes pa faits mangent fort peu & ne boivent point du tout, à l'exception du grillon qui, dit-on, boit volontiers. Il a même des papillons qui n'ont point de bouche, & qui par conféquent ne peuvent pas manger du tour, auffi ne vivent-ils que quelques heures, c'est-à-dire, aurant de tems qu'il leur en faut pour s'accoupler & le propager. D'autres infectes ne vivent guère plus long-tems; il y en a qui atteignent à peine l'âge d'un jour. Celui de tous qui vit le plus longtems eft l'écreviffe, qui va jufqu'à dix années, & même à dix hit.

La multiplication des infectes eft infinie. La femelle du papillon pond jufqu'à deux ou trois cens œufs, qui fervent à faire naître des chenilles; l'abeille en pond le même nombre par jour, lorfque c'est la faifon; la reine des guêpes pond dans les cellules dix à douze mille œufs dans un certain intervalle de tems. Ces œufs font éclos deux ou trois jours après; au bout de douze ou quinze autres, ce font des nimphes, & il n'en faut plus que huit ou dix pour que la guêpe foit parfaite.

Après les entretiens fur les infectes, viennent enfuite les amphibies, les ferpens & les poiffons.

Les crapauds vivent douze à quinze ans, quelques-uns vont jufqu'à cinquante & au-delà. On a trouvé des crapauds vivans enfermés dans le milieu d'une pierre.

C'eft ainfi que M. Perrault réunit l'utile à l'agréable.. Il fait paffer en revue les êtres de la nature, & fon Abrégé doit le trouver entre les mains des grands & des petits, des jeunes & des vieux.

Andrææ Johannis RETZII, &c. Obfervationum Botanicarum: c'est-àdire, Obfervations de Botanique ; par M. ANDRÉ-JEAN RETZIUS, Maître en Philofophie, Profeffeur Royal ordinaire d'HifloireNaturelle de l'Univerfité de Lunden, Secrétaire de la Société Phyfiographique de la même Ville, &c. quatrième fafcicule. A Leipfick, chez Crufus; à Strasbourg, chez Koenig, 1786, in-fol. de 30 pages, avec trois figures en taille-douce.

Cette fafcicule, dédiée à M. Thomas Pennant, Ecuyer, renferme cent trois plantes, dont la plus grande partie étoit inconnue des Botaniftes, & dont la moitié appartient à la grande famille des graminées. C'eft à M. Koenig, Médecin & Naturaliste à Tranquebar, que la mort vient d'enlever aux fciences & à l'humanité, à qui nous devons ces nouvelles richeffes végétales, dont il a fait part à fon ami M. Retzius; celui-ci les a décrites avec la précifion, la clarté & la netteté que la Botanique exige: M. Wenneberg en a auffi communiqué plufieurs.

Programme de l'Académie des Sciences, Arts & Belles - Lettres de Lyon.

Diftribution des Prix.

L'Académie, dans la féance publique du 29 Août, a procédé à la proclamation des prix qu'elle avoit pour l'année 1786

Le fujer des prix d'Hiftoire naturelle, fondés par M. Adamoli, étoit énoncé ainfi Quelles font les diverfes efpèces de Lichens dont on peut faire ufage en médecine & dans les arts? On demandoit aux Auteurs de déterminer les propriétés de ces plantes, par de nouvelles recherches & des expériences.

L'Académie a particulièrement diftingué trois, Mémoires ; premièrement, celui qui eft coté n°. 4, fuivant l'ordre de fa réception, ayant pour titre: Commentatio de Lichenum ufu, & pour devife, ce paffage de Séneque, Multum adhuc reflat operis, multumque reftabit, nec ulli nato poft mille fecula, præcludetur occafio aliquid, adjiciendi... Ce Mémoire latin embraffe le fujet dans toute fon étendue, & par roît également intéreffant pour la botanique, la médecine & les arts, I recule, fur-tout, les bornes des connoiffances acquifes, par cinquante- un effais fur divers Lichens employés avec fuccès à la rein ture fur le drap, dont les échantillons accompagnent le Mémoire. L'Académie lui a décerné le premier prix, confiftant en une médaille d'or. Après le jugement rendu, elle n'a été aucunement furprise de trouver dans le billet décacheté, le nom d'un favant, déja très-avan tageufement connu, M. G, François Hoffman, Docteur en médecine de l'Univerfité d'Erlang, Auteur de l'Enumeratio Lichenum, de l'Hiftoria Salicum, &c. à Erlang, en Franconie.

La médaille d'argent ou le fecond prix, a été adjugée au Mémoire, n°. 3, très-recommandable par fa rédaction, par les vaftes connoiffan ces qu'il annonce, & les vues nouvelles qu'il renferme principalement dans la partie médicale. Il a pour devife ce paffage, tiré de la differtation de Linné de mundo invifibili ( amænit. academ.) Hinc nemo fapiens ulterius dicere audebit, nihil agere, bonoque otio abuti illos, qui mufcos & mufcas legendo, opera creatoris admiranda contemplantur, inque ufus debitos convertere docent.

L'Auteur eft M. Amoreux, fils, Docteur Médecin en l'Univerfité de Montpellier, Membre de plufieurs Académies, le même à qui celle de Lyon décerna, en 1784, le prix concernant les haies. L'Acceffit a été donné áu Mémoire (n°. 2,) ayant pour épigraphe les deux vers fuivans:

De l'aurore au couchant parcourons l'univers,
Tous les divers climats ont des Lichens divers.

Il contient des recherches, nombreuses, utiles, & méthodiquement préfentées, fur les propriétés reconnues dans un grand nombre

de Lichens.

L'Auteur eft M. Willemet, père, Démonftrateur de botanique à Nancy, Affocié de l'Académie de Lyon, & anciennement couronné par elle fur les médicamens indigènes tirés du règne végéral.

Cetre Compagnie fouhaite que les trois Mémoires foient imprimés, & a invité fes commiffaires & les Auteurs à s'en occuper.

L'Académie avoit renvoyé à la même époque, la diftribution du prix

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