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L'amalgamation des minerais d'or & d'argent requérant dans les fonderies en grand abfolument la même manipulation que les procédés en petit: il faut donc

A. Concaffer, moudre.
B. Torréher.

C. Tamifer.

D. Amalgamer.

E. Exprimer le mercure.

F. Diftiller l'amalgame.

G. Diftiller le mercure exprimé.

H. Affiner l'argent.

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Faire profit des réfidus qui pourroient encore contenir de l'or & de l'argent.

Tous ces procédés demandent de certains préparatifs, des obfervations, une fage pratique, qui, dans le Traité du Chevalier de Born, font à la fuite de ce précis théorétique, détaillés & éclaircis de tous les préceptes fondamentaux de la Chimie: ils font en outre appuyés de tout ce que l'expérience offre de plus convainquant & de plus folide, & ornés d'un très-grand nombre de planches pour l'intelligence des machines. Car ce ne font point ici des fimples fpéculations d'un rêve - creux, ce font des faits & des opé rations, qui depuis plufieurs mois font mis en ufage à Schemnitz ent Hongrie, où le premier moulin d'amalgamation a été établi en Europe & depuis à Joachimftal en Bohême. Tout ce que l'Auteur obferve fur chaque procédé eft expérimenté tous les jours, & dans le mois d'Août der nier a été foumis à l'examen le plus rigide des d'Elhujar, des Ferber, des Trébra, des Charpentier, des Poda, connus dans le monde favand pour tout ce que l'Espagne, l'Allemagne & la Suède poffèdent de plus habiles Minéralogiftes, que des ordres exprès de leurs Souverains & l'envie de tout voir par eux-mêmes & de tout favoir, avoient amenés fur les lieux en Hongrie, & réunis par le hafard le plus heureux pour l'Auteur, à qui ils ont décerné une espèce de triomphe, en applaudiffant unanime ment à fes travaux & recueillant précieufement, avec les Minéralogiftes envoyés par S. M. Catholique, les leçons de pratique qu'il leur don

noit lui-même.

ལ་མས

LETTRE

A M. DE LA MÉTHERIE;

Rédacteur du Journal de Phyfique.

MONSIEUR,

Je ne ferai aucune difficulté de vous communiquer le procédé dont je fais ufage pour préparer les briquets phyfiques; vous m'avez fait connoître que c'étoit pour le rendre public; c'eft pour moi une occafion de vous témoigner ma reconnoiffance, de l'intérêt que vous prenez à communiquer à vos Lecteurs tout ce qui peut piquer leur curiofité.

On a donné le nom de briquet phyfique à une petite boîte de poche, faite en fer-blanc, laquelle contient des allumettes, une petite verge de fer, une bougie, & un flacon rempli de phofphore: quand on veut fe procurer de la lumière, l'on prend une des allumettes, qu'on plonge dans le flacon en produifant un petit frottement fur le phofphore, & lorfqu'on vient à la retirer du flacon, elle prend feu comme li on l'eût approchée d'un charbon embrafé; ce qui donne la facilité d'allumer la petite bougie qui fe trouve dans la boîte: la petite verge de fer fert à frotter vivement le phofphore, lorfque l'allumette a de la peine à prendre feu. Je ne vous parlerai point de l'utilité de cette nouvelle invention, je ne vous dirai point non plus fi elle appartient à un Italien, qui le premier en a apporté à Paris, il y a environ quatre mois; l'objet qui peut généralement intéreffer, eft de favoir comment l'on introduit fans danger le phofphore dans le flacon, & comment on le difpofe à s'allumer auffitôt qu'il a le contact de l'air : pour cet effet, l'on prend une baguette ou cylindre de phofphore, on l'effuye bien avec un vieux linge, on le coupe enfuite dans fa longueur en quatre, fix ou huit morceaux, fuivant l'épaiffeur de la baguette de' phofphore, & fuivant l'ouverture du flacon que l'on veut remplir: on laiffe enfuite le flacon ouvert pendant trois ou quatre heures, plus ou moins, felon la température de l'air: peu-à-peu le phosphore change de couleur, il perd fa tranfparence, il devient jaune, quelquefois rouge; c'eft enfin une espèce d'eflorefcence & de décompofition qui lui arrive, & dans cet état la préparation du briquer eft achevée. C'est alors qu'il convient de boucher le flacon. On peut auffi accélérer cette décompofition du phofphore, en foufflant dans l'intérieur du flacon, lorfque le phofphore y eft déjà introduit.

L'autre

été

L'autre procédé confifte à introduire le phofphore encore tout humide, & à chaffer l'humidité à l'aide du feu; mais ici il y a des accidens à prévoir; 1. le flacon de criftal peut caffer à la, moindre chaleur ; & 2°. fi on le chauffe brufquement, le phofphore eft lancé quelquefois trèsloin hors du flacon, & même avec explofion. Je connois plufieurs Marchands de ces briquets à qui cet accident eft arrivé, & qui ont ét brûlés vivement; mais en fuivant le premier procédé, il n'y a point de danger. Il fuffit d'apporter cette prudence qui est toujours néceffaire, quand on fait des expériences avec le phofphore. A l'égard de la préparation du phofphore, je renvoie les Lecteurs au Mémoire de M. Pelletier, fucceffeur de MM. Rouelle, & Apothicaire de Paris, que vous avez imprimé dans votre Journal (cahier de juillet 1785). Ce Chimifte eft encore parvenu à fimplifier le procédé, & il s'eft fait un plaifir de faire voir cette opération à tous les amateurs qui ont été dans fon laboratoire. Je fuis, &c.

SUR LE SEL ESSENTIEL DE LA NOIX DE GALLE, OU ACIDE GALLIQUE CONCRET;

Traduit du Suédois de M. SCHEELE (1), par Madame PICARDET.

§. I. J'Eus occafion de remarquer il y a quelque tems, qu'il se formoit un précipité particulier dans l'infufion de noix de galle préparée par l'eau de chaux. Ce précipité étoit gris, & étant examiné au foleil il paroiffoit cristallin; il avoit un goût acide, mais non aftringent; il fe diffolvoit promptement dans l'eau chaude, & précipitoit le vitriol de mars en

noir.

§. II. Pour mieux connoître ce fel, je paffai dans un tamis groffier une livre de noix de galle, & je fis infufer cette poudre avec une kanne (deux pintes trois quarts ) d'eau pure, dans un ballon de verre, je laissai enfuite repofer quatre jours, pendant lequel tems on remua fouvent avec une baguette de verre, je filtrai la liqueur (2) qui étoit claire & qui avoit la couleur du vin de France; je la laiffai à l'air libre dans le même ballon de verre fimplement couvert de papier gris; je fis cette préparation au mois de juin. Un mois après je revis cette infufion, & je la trouvai couverte d'une pellicule épaiffe de moififfure; au refte, elle n'avoit

(1) Mém. de l'Acad. Roy. de Stockolm, premier trim. 1786.

(2) Si on emploie de l'eau chaude, ou que l'on faffe digérer le mêlange à la chaleur, l'infufion n'eft pas claire, c'est ce qui m'a déterminé à employer l'eau froide la digeftion à froid.

formé aucun précipité, elle n'avoit pas plus la faveur aftringente qu'au paravant, mais plus acide; je remis cette infufion dans le même ballon également couvert de papier. Cinq femaines après, je l'examinai de nouveau, elle étoit bien à moitié évaporée; j'y trouvai un précipité épais de deux doigts, & au-deffus une pellicule muqueufe; elle avoit perdu toute faveur flyptique, & coloroit cependant encore le vitriol de mars en noir. Je filtrai l'infufion, & l'expofai encore une fois à l'air libre; l'automne fuivante, la plus grande partie étoit évaporée, mais ce qui reftoit étoit mêlé de beaucoup de précipité. Je réunis tous ces précipités, & je verfai deffus de l'eau froide; après qu'ils fe furent dépofés, je décantai l'eau, & j'y verfai alors autant d'eau chaude qu'il étoit néceffaire pour leur diffolution; je filtrai le tout, la liqueur étoit d'un brun-jaune ; je la fis évaporer à une douce chaleur ; pendant l'évaporation, une partie fe précipita comme un fable fin, & partie forma au fond des cristaux difpofés en foleil, ce fel étoit gris, & malgré les diffolations & cristallifations répétées, il me fur impoffible de l'obtenir plus blanc.

§. III. Ce fel de noix de galle fe comporte de la manière fuivante: ., 1°. Il a un goût acide, il fait effervefcence avec la craie & colore en rouge l'infufion de tournefol.

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2°. Pour diffoudre complettement une demi-once de ce fel, il faut une once & demie d'eau bouillante; mais auffi-tôt que la diffolution fe refroidit, le tout forme une maffe concrète compofée de petits cristaux. Une demi-once de ce fel exige douze onces d'eau froide pour fa diffolution.

3°. Il fe diffout très-aifément dans l'efprit-de-vin: pour une demi-once de ce fel il n'en faut qu'une demie d'efprit-de-vin bouillant, mais fi on * emploie l'efprit-de-vin froid, alors il faut pour une demi-once deux onces d'efprit. 4°. Dans un creufet à feu ouvert, il s'enflamme promptement, fond en donnant une odeur agréable; mais il donne enfuite un charbon qui fe réduit difficilement en cendres.

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5. Diftillé dans la cornue, il devient d'abord fluide, & donne un phlegme acide; il ne paffe point d'huile, mais à la fin il s'élève un fublimé blanc, qui s'attache au col de la cornue, & qui y refte fluide auffi longtems qu'il eft chaud, mais enfuite il fe criftallife; on trouve dans la cornue beaucoup de charbon. Ce fublimé a prefque l'odeur & le goût de l'acide benzonique ou fel de benjoin; il se diffout auffi bien dans l'eau que dans l'efprit-de-vin; il rougit l'infufion de tournefol, &, ce qui eft remarquable, il précipite les diffolutions métalliques avec leurs différentes couleurs, & le vitriol de mars en noir.

6°. La diffolution de fel de noix de galle verfée dans la diffolution d'or la rend d'un verd fombre, & en précipite à la fin une poudre brune qui eft de l'or révivifié.

7°. La diffolution d'argent devient brune, & dépofe à la chaleur une poudre grife qui eft de l'argent révivifié.

8°. La diffolution de mercure eft précipitée en jaune-orangé. 9°. La diffolution de cuivre donne un précipité brun.

10°. La diffolution vitriolique de fer devient noire, plus l'eau en eft chargée, plus la couleur eft foncée.

11°. Le plomb diflous dans le vinaigre eft précipité en blanc. 12°. Le bifmuth donne un précipité d'un jaune-citron.

13°. L'acide molybdique devient d'un jaune obfcur, fans qu'il y ait aucun précipité.

14°. La platine, le zinc., l'acide arfenical, l'étain, le cobalt & la manganèfe n'éprouvent aucun changement.

15°. Les diffolutions de calce, de magnélie, d'alumine & de barote, ne font pas décompofées, mais l'eau de chaux donne un précipité gris abondant.

16°. Le fel de noix de galle eft changé en acide faccharin par l'acido nitreux diftillé deffus fuivant le procédé ordinaire.

§. IV. Le précipité blanc que l'on obtient lorfque l'acère de plomb eft précipité par la noix de galle, peut être de nouveau décomposé par l'acide vitriolique, & on obtient le fel de noix de galle dans fa plus grande pureté; maintenant comme l'infufion de noix de galle précipite lacète de plomb, j'ai cru pouvoir me procurer ce fel d'une manière en core plus expéditive, mais cela ne m'a pas réuffi, car lorfque j'eus décomposé ce précipité, par le moyen de l'acide vitriolique, je retrouvai mon infufion de galle avec fon goût aftringent ordinaite.

Si on diftille la noix de galle à un feu violent, on obtient un phlegme acidule dont l'odeur n'eft pas défagréable; il ne paffe point d'huile, mais à la fin il s'élève du fel volatil pareil à celui que l'on obtient du fel de noix de galle diftillé (§. III, No. 5), & qui a les mêmes propriétés. Il paroît d'après cela que ce fel exifte tout formé dans l'infufion de noix de galle, quoiqu'on ne puiffe pas l'obtenir par la voie de criftallisation ordinaire, car il eft fi intimement uni avec quelque principe mucilagineux, ou autre matière, qu'elle ne peut en être féparé fans un mouvement intérieur ou fans fermentation,

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