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lique, il fuffit alors de les concaffer & de les réduire en poudre; mais il faudra faire ufage des feconds, s'il eft queftion d'extraire l'or ou l'argent de quelques minerais arfénicaux & fulfureux, & de les féparer par amalga mation de quelques autres métaux ou demi-métaux: il faut alors les torréfier pour les feparer de ces corps hétérogènes; mais il arrive toujours que l'acide vitriolique, produit par la deftruction du foufre, s'uniflant aux parties terreufes alkalines, ou à la chaux métallique du fer, du cuivre, ou de quelqu'autre métal ou demi - métal, en incruftant l'or ou l'argent, le rendent encore impropre à une parfaite amalgamation.

Pour le convaincre de cette vérité, qu'on réduife en poudre très-fine quelques minerais indéterminés d'or ou d'argent, & qu'on mêle ce fchlich cru avec du mercure, on en tirera, à la vérité, une partie d'or & d'argent; on en extraira une plus grande après avoir torréfié & pulvérisé de nouveau ce même fchlich; mais on ne l'extraira tout-à-fait qu'en appropriant avant l'amalgamation des moyens chimiques, pour dégager les particules d'or & d'argent de leur enveloppe hétérogène, entretenir leurs furfaces, auffi bien que le mercure, dans une très-grande propreté, & les rendre réciproquement fufceptibles d'une prompte union, fans cependant altérer ni l'or, ni l'argent, ni le mercure, ni caufer la moindre perte de ces métaux nobles qu'il faudroit alors chercher à regagner par des voies de

chimie.

Nous employons donc, pour parer à tous ces inconvéniens & cependant arriver à notre but, tous les acides minéraux, dont les effets font auffi différens, qu'ils le font eux-mêmes relativement aux corps fur lefquels ils opèrent. On peut, pour conftarer ce que nous avançons, d'une certaine quantité de minerais d'or & d'argent torréfiées fans aucun autre apprêt, extraire une partie de leur aloi d'or & d'argent, en les arrofant fimplement après le grillage avec de l'eau naturelle, ce feul agent les entretenant dans une espèce de macération, les difpofe à l'amalgame du mercure; mais qu'on ne s'imagine pas en extraire avec cela feul tout l'or & l'argent; car à la torréfaction, l'acide vitriolique provenu de la décompofition du foufre s'étant attaché à la chaux métallique, aux terres alkalines & à l'argent même, ne peut opérer qu'en tant qu'il ne fe transforme point en vitriol avec la chaux métallique, ou qu'il ne s'évapore point tout-à-fait à la continuation du grillage, ou que la terre pefante & calcaire ne le prive point de fon activité en l'absorbant entièrement.

L'acide vitriolique a bien, à la vérité, la propriété de diffoudre le cuivre & le fer dans leur état métallique, mieux encore dans leur état de calcination, & par l'étroite union de fes parties avec celles du cuivre, de développer les particules d'or & d'argent; mais il attaque en même-tems la superficie du mercure, & y forme une pellicule qui empêche le contact immédiat des métaux nobles, & ôte par-là toute efpérance de pouvoir les amalgamer. Obfervons encore, que tous les minerais ne font pas compofés d'une

même quantité de foufre, qu'on ne peut pas leur donner à tous le mênie degré de torréfaction, conféquemment, qu'à la décompofition du foufre, la quantité d'acide vitriolique ne peut auffi toujours être la même, & d'après cette proportion, le résultat de l'amalgamation doit toujours être plus ou moins parfait.

Les rapports de l'acide de fel marin aux terres alkalines & métalliques font tout autres, avec les premières, il forme un fel neutre minéral, qui fe tond & fe décompofe aifément. Avec les feconds, (excepté la platine,) fi le fel neutre qu'il donne ne fe fond pas, il fe décompose au moins promptement dans l'eau, & dévelope ainfi les particules d'or & d'argent qu'il contenoit fans altérer ni l'or, ni l'argent, ni le mercure, excepté dans certaines circonftances.

Pour rendre cet acide propre à l'amalgamation de l'or & de l'argent felon les principes de la Chimie & l'ajouter à la maffe des minerais torréfiés & triturés, il faudroit admettre un procédé, non - feulement fort coû reux, mais, dans plufieurs rencontres, tout-à-fait impropre & inutile. Pour l'approprier cependant de la façon la plus convenable, & le faire fervir à une extraction complette de ces nobles métaux, par le mercure, il faut préalablement connoître & décider fi l'opération doit fe faire par le feu ou par l'eau, & s'il y faut employer du fel genime ou du fel com

mun.

Préfère-t-on la voie humide? Il faut torréfier la quantité de minerais qu'on veut triturer, & cela exactement felon les principes que nous don nerons ci-après & jufqu'à l'entière évaporation des parties fulfureuses, & ne lui donner cependant qu'un certain degré de chaleur, pour ne point, avec les parties phlogistiques du foufre, & peut-être auffi les plus fubtiles des demi-métaux, volatilifer l'acide vitriolique néceffaire à la décompo fition du fel commun.

Le fchlich à amalgamer étant convenablement torréfié, il faut l'arro. fer d'eau commune pour diffoudre les fels neutres, terreux & métalliques qui ont été produits à la décompofition du foufre, felon les différents rapports de fon alliage avec les minerais & la plus ou moins grande quantiré d'acide vitriolique qui s'en eft formé.

Si on laiffe alors une couple de jours ce fchlich préparé dans un endroit chaud, & fi de temps à autre on leremue bien ensemble, cette efpèce de macération dilatera encore davantage les particules du minerais déjà rendues fpongieufes par la torréfaction & facilitera par-là fa décompofition & la revivification du vitriol martial, & par conféquent la folution du phlogistique des parties ferrugineufes & le développement des parcelles d'or & d'argent qui y étoient cachées.

Si on y mêle enfuite une quantité proportionnelle de fel gemme ou commun i fe fait incontinent plufieurs fortes de fynthèfes & d'analyfes, felon les différentes efpèces de fchlich, on la folution la plus ou la moins

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prompte de fels neutres terreux & métalliques; parce que les parties alka lines du fel commun ayant plus d'affinité avec l'acide vitriolique, abandonnent les parties terreufes & minérales de l'acide de fel qui font diffoutes, pour compofer, avec l'alkali minéral, le fel de Glauber fi connu & fi facile à diffoudre dans l'eau. Mais fi, entre ces différentes analyses, il fe formoit par aventure du vitriol d'argent, il faudroit, outre le fel commun, recourir à un alkali mêlé d'acide, ou, pour éviter la trop grande dépense, employer une chaux terreufe alkaline, pour que les parties dévelopées de l'acide de fel, faute d'absorbant, n'attaquent point les particules d'argent qui fe dégageroient de leur vitriol. A cet effet, on emploie encore avec plus de fuccès un métal qui a beaucoup d'affinité avec le fel, comme le cuivre, le fer & le zinc, pour rendre à l'ar gent qu'on précipite hors de cette folution, fa forme métallique & les propriétés néceffaires à l'amalgamation, fans quoi il refteroit dans le réfidu.

On a déjà fait mention plus haut, qu'il ne fe manifeftoit du vitriol qu'à la torréfaction des minerais bruts qui contenoient du foufre dans leur alliage, & que, pour décompofer & rendre actif le fel commun dont on fait ufage, qu'on requéroit une certaine quantité de fel vitriolique pour procéder à l'amalgamation. Il s'enfuit donc, qu'il ne faut pas torréfier le fchlich à un trop grand feu, pour ne point faire évaporer l'acide vitriolique avec les parties phlogiftiques du foufre, mais mêler les minerais fecs, entièrement privés de foufre, avant la torréfaction, avec della matte brute, des pyrites, ou quelqu'autre corps fulfureux; ou après, quand ils font arrofés & détrempés d'eau commune, avec une quantité proportionnelle de vitriol martial ou de vitriol de cuivre qui eft encore infiniment plus efficace pour parvenir d'autant plus vîte à décompofer le fel commun. L'expérience de tous les maîtres les plus habiles garantit ce que j'avance. Qu'on mêle, après le procédé d'amalgamation, du vitriol & du fel commun à un fchlich, qui contiendra encore quelque chofe, & qu'on le laiffe quelquetemps dans cet état, on en tirera une feconde fois une partie confidérable d'argent qu'on n'auroit pu obtenir dans le premier procédé en y ajoutant même beaucoup de fel, & prolongeant les travaux.

-Si au contraire on choifit la voie sèche, il faut, pour procéder à l'analyfe du fel commun, avoir égard aux circonftances tout-à-fait étrangè res à celles qui fe manifeftent dans la voie humide. Les minerais bien & duement broyés & triturés avec les différentes efpèces de fchlich qu'on deftine à l'amalgamation, doivent préalablement être bien mêlés avec une fuffifante quantité de fel commun & de fel gemme bien broyé, & alors l'alliage doit être torréfié tout enfemble, à un feu convenable de calcination.

Selon la différente proportion des efpèces de mêlange, le fel com mun fe décompofera, ou d'abord à la fynthèse du vitriol qui fe formera

à la décompofition du foufre, ou à la continuation de la chaleur de la torréfaction des fpeiff, ou d'autres minerais peu ou point fulfureux.

Dans le premier de ces cas, favoir, dans un mêlange de minerais fulfu reux, l'acide vitriolique fe manifefte à la volatilisation, ou plutôt à la décompofition du foufre par la torréfaction; mais au lieu de s'allier étroitement aux terres alkalines & métalliques du mêlange, il ne s'y atta che que très-peu & va décompofer le fel commun & s'unir à fon alkali minéral & produire un fel de Glauber, qui, ainfi que les autres, foit par Pinfuffifance du fel alkali minéral produit de l'acide vitriolique, foir par les fels neutres, terreux & métalliques nés de la décompofition de l'acide de fel lui-même, se diffoudra dans l'eau qu'on y jettera, & le confervera dans cette leffive.

Cet acide de fel dévelopé de la forte & transformé, au moyen des terres alkalines & des chaux métalliques & demi-métalliques, en fel neutre fifacile à diffoudre, dégage paisiblement l'or & l'argent des corps hétérogènes qui les renfermoient, beaucoup plus complétement qu'on ne pour roit le faire par la trituration méchanique la plus parfaite, pour achever, par l'amalgamation, la féparation de ces nobles métaux, d'autant plus que l'acide de fel peut diffoudre les parties ferrugineufes, qui ont été trop dépouillées de leur phlogistique, chofe que ne pourroit faire l'acide vitriolique.

Mais dans le fecond cas, favoir, quand le mêlange des minerais à torréfier ne contient point de foufre, & qu'il n'eft compofé que de parties terreufes, ou d'ochres métalliques, ou d'un alliage métallique & demi - métallique, l'abfence totale de l'acide vitriolique ne peut nullement opérer fur la décompofition de l'acide de fel commun; mais on fait en Chimie, qu'on parvient à décompofer l'acide de fel par l'action feule d'un feu bien entrerent. ll ett néanmoins plus profitable de provoquer & d'accélérer cette décompo fition, en y ajoutant quelques minerais fulfureux : comme on l'a déjà confeillé dans le procédé par la voie humide. On fera particulièrement ufage des pyrites fulfureufes de la matte d'argent, ou matte de cuivre, à la torréfaction des Speiff & du cuivre noir; parce que le foufre venant" à fe développer calcine auffi - tôt une partie des fimples métaux & demi - métaux, & l'acide vitriolique qui s'en forme décompofe auffi plus vite & plus parfaitement le fel commun; alors l'acide de fel, de concert avec le feu & le libre accès de l'air, ronge le réfidu des particules métalliques & demi-métalliques, pour en dégager les parcelles des métaux nobles qui y étoient renfermés. Cette calcination & deftruction des fimples métaux eft d'aurant plus néceffaire aux minerais aurifères de cuivre & de cuivre vierge, que l'affinité de celui-ci eft plus grande avec l'or, & qu'il feroit par conféquent impoffible d'en extraire entièrement l'un par le mercure, fans une parfaite & entière calcination de l'autre.

Qu'on mêlange, par exemple, des Speif ou du cuivre noir allié

avec de l'or ou de l'argent, purement avec du fel commun, il absorbera, à la vérité, quelques parties du cuivre; mais bien plus fortement celles dés demi-méraux qui auront le plus d'affinité avec lui, comme l'antimoine, l'arfenic & leurs parties ferrugineufes; la plus grande partie du cuivre reftera cependant intacte à caufe de l'infuffifance de l'acide falin & les parcelles d'or qui y font cachées ne fe développeront point; tandis que celles de l'argent, qui fe font développées à la torréfaction, & qui ont en apparence cherché à s'allier avec les demi - métaux du mêlange des minerais, bien plus étroitement qu'avec le cuivre, fe trouveront toutes, à હૈ peu de chofe près, dans le mercure de l'amalgame.

Pour prouver ultérieurement que le cuivre qui retient les parcelles d'or qui n'ont pu s'amalgamer, n'a réellement pas été calciné, qu'on fonde à part le cuivre réfidu du procédé d'amalgamation, on aura un véritable régule de cuivre, qu'on n'auroit pu révivifier fans un alliage convenable de phlogistique, fi le métal avoit été entièrement cal

ciné.

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Mais qu'on ajoute au mêlange des minerais à torréfer, outre le fel, quelques pyrites fulfureufes, alors les parties de cuivre qui retenoient l'or, feront promptement calcinées par les parties fulfureufes de cet alliage, ains

que par les acides vitrioliques & de fel & l'action combinée du feu & de l'air. La grande affinité du cuivre à l'or fe perdra, & du résidu bien trituré & amalgamé on n'obtiendra plus, fans un alliage convenable de phlogistique, aucun régule de cuivre.

De tous ces préceptes préliminaires & théorétiques de l'amalgamation de l'or & de l'argent tirés de toute forte de minerais, qu'on détaille plus au long dans les procédés qu'exige la pratique, on peut établir les corollaires fuivans,

1o. Les minerais à amalgamer doivent être concaffés, moulus, laminés, en un mot, méchaniquement divifés, pour multiplier leurs furfaces, ou leurs points de contact.

2. Ce mêlange duement pulvérisé doit être torrefié, pour développer par la volatilisation du foufre & la calcination des fimples métaux & demi- métaux, les parcelles d'or & d'argent qu'il recéloit.

3. Les minerais ainfi torréfiés doivent être mêlés avec du fel commun (s'ils ne l'ont point été avant la torréfaction) & une quantité proportionnelle d'eau commune & de mercure, & agités continuellement enfemble pendant un certain tems, pour que le mercure répandu dans la maffe n'en laiffe aucun point fans le toucher, & venant ainsi à rencontrer plufieurs fois les parcelles d'or & d'argent dégagées de leur minerais, s'y attache fortement & les abforbe.

4°. Celui qui préfide aux procédés doit connoître à fond les affinités chimiques des corps, pour qu'il puiffe, dans les fynthèfes & analyses tant méchaniques que chimiques, juger de leurs rapports & lever tous les obstacles qu'il pourroit rencontrer,

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