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1

Papillon

OBSERVATIONS

ET

MÉMOIRES

SUR

LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE, ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE;

Par M. DE LA MÉTHERIE.

LA fcience des faits peut feule nous diriger dans l'étude de la nature. De fages inductions appuyées fur des analogies bien fondées, généralifent enfuite ces faits particuliers, & conduifent à des résultats qui font fufceptibles de la précision du calcul (1). Souvent, il eft vrai, on donne trop d'étendue à ces analogies, & on tombe dans le fyftême enfant de l'imagination, & néanmoins plus utile qu'on ne penfe. Mais des faits nouveaux nous ramènent bientôt fur la vraie voie. C'est ainsi que s'élève

(1) On peut former des tables où on placeroit les différens degrés des analogies de nos connoiffances phyfiques, comme je l'ai fait voir.

lentement & avec la marche fucceffive des fiècles, l'édifice des connoillances humaines.

Les travaux de cette année nous offrent un affez grand nombre de faits nouveaux & intéreffans. Le goût de la fcience s'étendant de plus en plus dans toutes les claffes de la fociété, multiplie les recherches. Auffi la fcience n'a jamais marché d'un pas plus rapide, comme va le prouver le tableau fuivant.

Aftrologie. Mifs Herfchel, fœur du célèbre Aftronome de ce nom', a obfervé une comète dont on a calculé l'orbite. C'eft la foixantetreizième comète dont la marche foit calculée.

M. Herschel continue fes travaux. Son grand télescope dont le miroir, du poids de quatorze cens livres, a quatre pieds de diamètre & quarante pieds de foyer, eft achevé, & entre les mains d'un tel obfervateur, nous dévoilera fans doute bien des objets nouveaux. D'après fes premières obfervations ce célèbre Aftronome avoit porté le nombre des étoiles jufqu'à foixante-quinze millions. Peut-être ce nouvel inftrument lui en découvrira-t-il encore davantage : & ainfi la nature s'aggrandit fans ceffe à nos yeux fans que nous puiffions même foupçonner fon immense profondeur. S'il y a foixante-quinze millions d'étoiles, combien ne doit-il pas y avoir de planètes & de comètes !

Le paffage de mercure fur le foleil le 4 mai de cette année, a beaucoup occupé les Aftronomes, & a néceffité quelques corrections dans les

tables.

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Zoologie. Les quadrupèdes font les êtres qui figurent le plus dans les œuvres de la nature fur notre globe, & parmi eux la claffe des finges dont l'homme doit être confidéré comme la première efpèce. Celle-ci par fa plus grande perfectibilité a formé de grandes fociétés, qui en fe multipliant ont acquis une force immenfe. Elles fe font approprié d'une manière prefqu'exclufive l'ufufruit de ce que la nature avoit accordé à tous les êtres vivans pour leur fubfittance. L'homme a plus fait quoiqu'organifé pour vivre de fruits comme le finge (1), il a changé fa conftitution, & eft devenu carnivore.

T

Il manquoit un très-grand trait de reffemblance entre l'homme & le hinge. Cette partie eft le nez, qui n'eft que peu marqué chez les animaux. On vient de recevoir au: Cabinet du Roi à Paris, un finge du genre des guenons à longue queue, feffes calleufes, &c. qui a un nez très-long, bien prononcé & femblable à celui de l'homme, excepté qu'il eft un peu

(1) Le caractère qu'on croiroit pouvoir tirer des dents me paroît équivoque puifque chez les finges qui font tous frugivores, les dents de la plupart approchent encore plus des carnivores que celles de l'homme. Il est même des efpèces de finges, telles que le magot, dont les dents canines font plus fortes & plus allongées que celles des carniyores.

applati. La cloifon du nez qui chez les animaux eft en général épaiffe, fe trouve dans celui-ci auffi mince que chez l'homme. M. Daubenton l'a nommé nafique.

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M. Desfontaines à apporté vivant des côtes de Barbarie le vrai pitheque d'Ariftote, dont avoient parlé M. de Buffon & plufieurs Naturaliftes. Ce finge eft d'une taille moyenne, a vingt-huit dents, dont quatre canines affez femblables à celles de l'homme. Il eft en fociété dans les bois, & s'apprivoife très-bien. Il vit de fruits comme les autres finges & mange même de l'herbe. Il s'apprivoife aifément, & s'attache à fon maître ; mais ce qui eft affez particulier, c'eft que dans le pays même ces animaux dans l'état de domefticité ne produifent point, quoique s'accouplant très-fouvent. La femelle eft fujette à un écoulement périodique, a deux mammelles, & ne fait ordinairement qu'un petit comme la femme. Chez le mâle la verge eft détachée & les tefticules font très-petits.

Le même Naturaliste a apporté des mêmes cantons, 1°. un tigre qu'il nomme oucelle, un peu plus gros que l'once, & qui en eft réellement différent; 2°. une nouvelle variété de renard fit même ce n'eft pas une efpèce nouvelle: il eft plus gros que le nôtre, a le poil jaunâtre, les oreilles noires, &c. 3% une nouvelle variété de loutre plus grande que la nôtre, & dont le poil eft moins brun; 4°. deux nouvelles efpèces de rats, dont l'une s'appelle gird. Mais il fera connoître plus particulièrement ces efpèces dans la relation de fon voyage qu'il nous promet bientôt.

M. Vaillant a auffi une espèce nouvelle de taupe. A Londres il y a également quatre à cinq efpèces nouvelles dans différens cabinets, & peut-être d'autres Naturalistes en ont-ils auffi.

Voici donc dix à douze efpèces nouvelles de quadrupèdes (1). iC'eft beaucoup gagner dans les grandes efpèces. M. de Buffon avoit décrit plus de deux cens espèces. M. Erxleben a porté dans fon Ouvrage imprimé en 1782, le nombre des quadrupèdes ou mammillaria trois cens quarante-deux efpèces, dont il y en a vingt-cinq parmi les phoques, les dauphins, les baleines, &c. En ajoutant toutes ces efpèces nouvelles, le nombre des quadrupèdes va prefque à quatre cens."

à

Reptiles. Certevclaffe qui comprend la tortue, le lézard, la grenouille, &c. a été portée par Linnée à quatre-vingt-deux efpeces. M. le Comte de la Cepède, qui doit bientôt nous en donner une hiftoire plus détaillée, en fera connoître de nouveaux. M. Desfontaines en a auffi apporté quelques efpèces nouvelles.

Serpens. Linnée les a portés à cent trente-cinq efpeces, & les nantes, parmi lesquels fe trouve la raie, à foixante-quinze efpeces; mais depuis ce tems les recherches des Naturaliftes ont plus que doublé ce genre pour nous ; & on en peut porter le nombre à près de fix cens.

Quand je dis nouvelles j'entends des espèces non-décrites!

Idiologie. Le genre des poiffons eft le moins connu, parce qu'ils habirent un élément où ils évitent plus facilement les pieges de l'homme. Linnée en a décrit quatre cens fix efpeces. MM. Cook & Bancks en ont rapporté un grand nombre d'efpeces qui étoient inconnues. On peut eftiner à fix cens efpèces nouvelles ceux qui fe trouvent chez M. Bancks, au Museum Britannique & dans quelques autres collections de Londres. M. Bloch, qui vient de donner une belle hiftoire des poiffons, en a auffi décrit quelques nouvelles espèces; en forte qu'on peut bien porter à douze cens le nombre des poiffons connus.

: Vermes. Ce genre qui embraffe tous les vers, c'est-à-dire, les animaux qui fe traînent & marchent fans jambes, est très-nombreux. Il renferme les vers proprement dits & les coquillages. Un grand nombre qui fe rient dans les hautes mers nous eft inconnu & le fera long-tems. Linnée porte le genre feul des vers à cent vingt-cinq efpèces, celui des coquillages à huit cens quatorze, celui des madrepores à cinquante-neuf, celui des zoophites à cent cinquante-fix. Mais ces genres ont auffi été beaucoup augmentés depuis. M. l'Abbé Dicquemarre en a décrit beaucoup de nouvelles espèces. On a ramaffé un très-grand nombre de coquillages inconnus, &c. Ainfi on peut bien porter aujourd'hui cette famille à deux mille. Entomologie. La nature n'a déployé dans aucun de fes ouvrages autant d'art que chez les infectes; le Naturalifte ne fait s'il doit plus admirer ou les variétés dans les formes, ou leur organisation furprenante, ou leurs mœurs, ou leurs métamorphofes. Fabricius en a décrit cinq mille cinq cens; depuis ce tems d'autres Naturalistes nous ont encore enrichis de ce côté. M. Desfontaines en a apporté trois à quatre conc efpèces nouvelles. M: Dombey en a auffi quelques-unes.

Stoll, hollandois, a augmenté fingulièrement le nombre des punaifes & des cigales.

Drury, anglois, & Cramer, dans leur dernier volume, ont donné un grand nombre d'efpèces nouvelles.

Dans la collection des papillons d'Europe on en trouve auffi beaucoup qui n'étoient point décrits.

A Paris dans les différens cabinets d'amateurs il y en a plus de deux mille espèces nouvelles. En Allemagne, en Hollande, en Suède, il y en a auffi un grand nombre; en forte qu'on peut porter à plus de dix mille efpèces le nombre des infectes connus,

Ornithologie. Les oifeaux forment une des plus belles & des plus brillantes claffes des animaux. Elle ne tient que de loin aux autres espèces, comme je l'ai fait voir dans le tableau que j'ai donné des êtres organifés dans mes Vues phyfiologiques.

Linnée en a décrit environ neuf cens quatre-vingt-quatorze efpèces; mais depuis ce tems nos richesses ont auffi augmenté. M. de Buffon en a fait connoître beaucoup de nouvelles espèces, ainfi que MM. Briffon,

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