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phénomène électrique dans l'air raréfié pourroit autorifer cette idée ? Quand on tire l'étincelle, d'une batterie électrique, la feule étincelle décharge la batterie, & cette étincelle ne dure que le moment où l'on cominence de l'appercevoir. Chaque coup de tonnerre eft une explosion qui diffipe dans un inftant toute la matière électrique; mais ici la matière électrique offriroit une combuftion lente, confervant la forme globuleufe, produifant fouvent une explosion qui ne fe fait entendre qu'à la fin de la combuftion: mais d'où viendroit cette explofion l'électricité eft muette dans l'air raréfié.

L'air inflammable répandu dans l'air commun, n'explique pas mieux ce phénomène ; quand on auroit prouvé la probabilité de l'existence de cet air inflammable dans les hautes régions de l'atmofphère, malgré fa grande pefanteur lorfqu'il eft tiré des végétaux & des animaux; mais comment enflammeroit-on cet air dans un air très-raréfié ? comment y formeroit-il des globes ? comment n'offriroit-il pas l'image d'une grande flamme? Il faudroit étudier avec foin les rapports de ces phénomènes avec les autres phénomènes atmofphériques, rechercher l'état du ciel avant & après leur apparition, déterminer les tems, les circonftances & les lieux où ils font les plus communs, favoir pourquoi ils font rares, & pourquoi ils arrivent.... Que d'obfervations à faire ! que d'obfervateurs à occuper!

V. Des Phénomènes aqueux.

Les phénomènes météorologiques appellés aqueux font en plus grand nombre que les autres; on les peut obferver à chaque inftant, & ils méritent la plus grande attention, parce qu'ils fe paffent plus près de nous, qu'ils fe reproduifent fouvent & long-tems, & qu'ils nous offrent une fuite d'événemens qui peuvent nous intéreffer toujours; tels font les Brouillards, les Nuages, la Rofée, la Pluie, la Neige, le Givre & la Gréle.

Avant de m'occuper de ces météores en particulier, je veux m'arrêter un moment à confidérer l'évaporation de l'eau relativement à l'atmof phère; c'eft prefque le phénomène genéral qui offre la clef des autres.

L'Effai fur l'Hygrométrie, par M. de Sauffure, a plus inftruit.fur l'évaporation que toutes les recherches précedentes faites fur cette matière importante. Il diftingue toujours l'eau élevée en vapeur élastique & difféminée fous cette forme aérienne dans l'air, de l'eau qui s'élève fous la forme de vapeurs véficulaires; il montre que les vapeurs véficulaires fe changent en vapeur élastique, & la vapeur élastique en vapeur véliculaire ; il fait voir le jeu de toutes ces vapeurs en différentes circonftances dans fes favantes & belles expériences, & il met fous les fens plufieurs phénomènes météorologiques ignorés jufqu'à préfent.

Les vapeurs fous cette forme véficulaire ne font pas

l'eau

pure, comme

M. de Sauffure l'établit fort bien; mais font-elles feulement la dilatation

des gouttes d'eau par l'action du feu qui en fait des fphères creufes ? ou bien, eft-ce l'effet de l'action du fluide électrique fur ces gouttes? ou bien encore ces vélicules font-elles produites par l'action combinée de ces deux agens? La folution de ces queftions apprendroit la caufe de la chûte des vapeurs; on verroit s'échapper le principe élevant, former peut-être d'autres combinaifons en s'échappant, & donner des preuves fenfibles de fon départ ou de fon déplacement. Eft-ce le feu qui agit feul pour former les vapeurs? Certainement on le voit produire cet effet dans l'ébullition; mais n'eft-ce point l'abondance du feu qui produit cet effet? On a au moins alors des vapeurs élastiques ou des vapeurs véficulaires fuivant la chaleur de l'air atmosphérique dans lequel entrent ces vapeurs, comme M. de Sauffure l'a bien démontré; mais on voit cette vapeur élastique & ces vapeurs véficulaires fe former dans l'atmosphère & paffer de l'état de l'une dans l'état des autres pendant les froids les plus vifs des hivers les plus rigoureux, comme pendant les chaleurs les plus fortes de l'été; d'ailleurs, les fluides femblent avoir befoin d'un certain degré de chaleur pour fe vaporifer, de forte qu'ils doivent perdre leurs qualités vaporeufes quand ils perdent le degré de chaleur néceffaire pour les vaporifer; cependant dans les tems & dans les lieux les plus froids, les vapeurs aqueufes s'élèvent & retombent comme dans les tems & dans les lieux les plus chauds. N'arriveroit-il pas que l'air froid qui fe précipite des parties fupérieures de l'atmosphère enlève cette chaleur aux vapeurs élevées ? Mais comme la précipitation de cet air froid devroit être conftante, réfolution des vapeurs en eau devroit être perpétuelle, fi elle étoit uniquement produite par ce refroidiffement; d'ailleurs, la pluie & les brouillards en tombant réchaufferoient toujours l'air, puifqu'il s'échapperoit beaucoup de feu hors des véhicules qui feroient détruites, & il arrive pour l'ordinaire dans nos climats que la pluie refroidit l'air.

la

Est-ce le fluide électrique qui produit cet effet? M. de Sauffure a bien montré que l'élévation des vapeurs étoit accompagnée d'électricité, que les vapeurs véliculaires en offroient des fignes très-marqués, que la vapeur élaftique en contenoit pareillement, que le fluide électrique s'échappoit des vapeurs lorfqu'elles fe réfolvoient en eau; mais fi l'on ne peut douter de la présence de l'électricité dans les vapeurs, peut-on auffi juftement affigner le rôle qu'elle y joue? d'abord il eft certain que le degré d'ébullition eft néceffaire à l'eau pour rendre électriques les vapeurs qui s'en élèvent, & cette chaleur n'a guère lieu que près des volcans; quelle est la caufe qui ôte aux vapeurs l'électricité qu'elles peuvent avoir ? je ne vois dans l'atmosphère que l'air & l'eau ; mais l'air n'eft pas conducteur d'électricité, & l'eau qui y nage doit en avoir pour y nager. Si cette électricité lui est néceffaire pour être dans cet état, les nuages offrent le

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même phénomène ; comme ils font formés de vapeurs véficulaires, ils doivent être chargés d'électricité; il eft vrai que les nuages peuvent varier entr'eux relativement à la quantité d'électricité qu'ils contiennent; mais comme ils offrent toujours des vapeurs véficulaires, les différences doivent être très-petites; d'ailleurs, il n'y a jamais plus d'électricité dans les nuages & dans l'air que lorfque la pluie eft fur le point de tomber, comme l'électromètre le fait connoître.

Je vais plus loin, & je me demande fi la chaleur de l'air diffout les vapeurs dans l'air, elles feront d'autant plus vaporifées & d'autant mieux diffoutes, que la saison sera plus chaude, cependant le ciel eft au moins auffi ferein en hiver qu'en été, quoique l'air foit plus humide dans l'hiver que dans l'été.

Si la chaleur étoit la feule caufe de la diffolution de l'eau dans l'air comment arrive-t-il que l'eau fous la forme de vapeurs véficulaires brave l'action de quinze degrés & davantage de froid au-deffous de zéro du thermomètre de Réaumur, tandis qu'une chaleur de dix degrés au-dessus de zéro les fait résoudre en eau; d'ailleurs, les vapeurs véficulaires fe forment dans les régions élevées de l'atmofphère où l'air eft très-froid en été, comme dans celles qui touchent la terre où l'air eft plus chaud; outre cela, les vapeurs élaftiques peuvent fe réfoudre en eau fans paffet par l'état de vapeurs véficulaires, ce qui prouveroit que le différent degré de chaleur néceffaire pour produire ces deux différentes vapeurs, n'influe pas fur leur réfolution en eau, puifqu'elle s'opère fans nuance, & qu'on l'obferve dans les régions froides comme dans les régions élevées.

Comment le feu s'unit-il à l'eau ? comment change-t-il la forme de l'eat? comment s'en fépare-t-il? quelle eft cette nouvelle théorie d'affinités? où eft la preuve de la décompofition?

L'air froid des parties fupérieures de l'atmosphère en fe verfant dans les parties moins élevées, doit les rafraîchir au point de limiter le lieu des fcènes météorologiques en limitant fa faculté de recevoir des vapeurs ; peut-être limite-t-il de même la rareté de l'atmofphère, & lui donne-t-il des bornes bien terminées.

On peut, je crois, imaginer telles combinaisons d'air froid, où tout fe pafferoit comme dans un air tempéré; ainfi, par exemple, fi l'air pouvoit devenir plus froid fans devenir plus denfe, il dépoferoit, je crois, les vapeurs qu'il contiendroit; & réciproquement, l'air devenu plus dense fans devenir plus froid, tiendra fes vapeurs encore mieux difloutes, fi l'air devient plus denfe en raifon du froid qu'il éprouve, & relativement à sa faculté de tenir les vapeurs diffoutes, dans ce cas les vapeurs qu'il contient ne tomberont pas.

Il feroit peut-être bien important de fuivre l'état des vapeurs dans les

différens degrés de leur diffolution; mais elles ne doivent pas le préfenter alors fous la même forme, & cette différence pourroit inftruire fur les caufes de leur formation: on pourroit aufli peut-être les obferver lorfqu'elles fe forment & lorfqu'elles fe détruifent.

La fuite au mois prochain.

NOUVELLES RECHERCHES

'Sur la nature du Spath vitreux, nommé improprement Spath fufible, , pour fervir de fuite à celles qui font inférées dans Le Journal de Phyfique, tome X, page 106, & pour fervir de réponse au Mémoire de M. SCHELLE, imprimé dans le même Journal, tome XXII, page 264, & qui fe trouve dans la Collection de fes Mémoires qui vient de paroître en François ;

Τουτ

Par M. MONNET.

OUT le monde connoît maintenant la différence qu'il y a entre cerre fubftance minérale, & certe autre que nous nommons fpath pesant. On fait également que le célèbre M. Margraf, en établiffant ces différences par des expériences bien faites, dans des Mémoires qu'il lut à l'Académie des Sciences de Berlin en 1766 & 1768, dont M. l'Abbé Rozier donna des extraits dans fon Journal, tome deuxième de l'introduction, page 247, on fait, dis-je, que M. Margraf fit voir que la fubftance minérale qui nous occupe, a cela de particulier qu'elle préfente une lumière phofphorique étant chauffée fortement fur des charbons ardens, que cette lumière une fois difparue, ne revient plus, ce qui confirmoit le principe avancé par M. Cronstedt, que cette lueur dépendoit d'une portion de phlogistique qui coloroir cette fubftance; ce qui le prouve eft que cette couleur difparoît comme la lueur phofphorique. M. Margraf fit voir en même-tems que l'acide vitriolique, mêlé avec cette fubftance, en enlevoit par la diftillation une terre fubtile; que d'ailleurs cette fubftance ne contient aucun acide, en quoi elle diffère fort du fpath pefant, qui contient véritablement de l'acide vitriolique, comme le même laborieux & exact Margraf l'avoit encore démontré; & comme je le démontrai moi-même dans deux Mémoires. inférés dans le Journal de Phyfique, tome fixième, pag. 214, & tome treizième, Supplément, page 408, fans avoir eu connoiffance du travail

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de M. Margraf. On fait que M. Schéele Chimifte Suédois, lut un Mémoire à l'Académie Royale des Sciences de Stockolm en 1771, & qui fut traduit & imprimé dans le Journal de Physique, ( tome deuxième de l'introduction , page 473) où ce Chimifte, fans faire mention du travail de M. Margraf fur le fpath vitreux, qu'il ne connoiffoit pas vraisemblablement, prétend donner des preuves irrécusables de l'existence d'un acide particulier dans cette fubftance, qu'il nomme acide spathique, lequel acide il prétend y être uni à la terrè calcaire, & cela fans em ployer d'autres moyens que ceux qu'avoit employés M. Margraf, favoir la diftillation de cette substance avec l'acide vitriolique. Les chimiftes favent également qu'en 1773, il parut à Paris, fous le nom de M. Boulanger, le détail de plufieurs expériences fur la même fubftance, où l'on prétend démontrer que l'acide prétendu fpathique n'eft que l'acide marin déguifé. Ces expériences d'ailleurs infiniment mieux faites pour l'objet effentiel, favoir s'il y a un acide ou non dans le fpath, préfentent des faits plus vrais & qui approchent plus de la vérité. Ces expériences ont encore le mérite de fe fuivre méthodiquement & d'être présentées clairement; au lieu que celles de M. Schéele font embrouillées, peu détaillées, & faites avec la prévention qu'il existe un acide dans tous les corps figurés & criftallifés comme les fels. C'eft d'après cette prévention que ce chimiste croit véritablement avoir découvert un acide nouveau dans le fpath vitreux, & que cet acide prétendu uni à l'eau, forme le quartz, & régénère le fpath vitreux avec la terre calcaire de la chaux. Il y a plus, on peut dire, fans craindre de blesser la vérité, que beaucoup d'autres affertions font avancées par M. Schéele avec aussi peu de fondement.

L'illuftre & l'infatigable M. Priestley, qui avoit lu le détail des expériences de M. Schéele fur le prétendu fpath fufible, imagina d'en faire à fa manière fur cette même substance, c'est-à-dire, qu'il chercha à réduire en air ce prétendu acide fpathique. Ce qui le frappa finguliè rement dans les expériences, fut de voir qu'auffitôt que cet air étoit en contact avec de l'eau ou avec un air humide, il devenoit vifible & formoit un nuage blanc, qui fe dépofoit & formoit une croute, comme dans l'opération de la diftillation. Le détail de ces expériences fe trouve à la tête du fecond volume des œuvres de cet habile Anglois. Le hafard m'ayant porté quelque-tems après à examiner cette même fubftance, je me trouvai tout de fuite en contradiction avec M. Schéele. Les expériences que je fis deffus furent imprimées dans le Journal de Physique, tome dixième, page 106. Malheureufement je n'avois pas connoiffance alors des expériences de M. Margraf, car je m'en ferois appuyé, mais j'avois lu celles de M. Priestley & les citai comme très-conformes aux miennes, c'eft-à-dire, que l'acide vitriolique s'unit à une portion de terre fubtile du fpath, qu'il l'enlève dans la distillation, & acquiert par-là les qualités

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