Explication de la figure 3, planche I.

Elle représente la coupe & le profil du réservoir, du tambour & des

Lues à l'Académie des Sciences, le famedi 17 février 1787.

ON peut fe rappeler que nous avons donné, M. Pelletier & moi, dans

le Journal de Janvier de cette année, le réfultat de nos recherches fur le fpath adamantin. L'examen que nous avions fait de ce fpath nous a conduits à conclure que vraisemblablement c'étoit une fubftance fui generis.

M. l'Abbé Haüy, après avoir cité nos obfervations, ajoute: « J'ai cru » que dans ce moment où l'on commence à s'occuper plus particulière>>ment de cette pierre, il étoit intéressant de déterminer fa forme primitive » & les loix de fa ftructure ».

Cet Académicien donne d'abord quelques détails fur la forme & fur les propriétés du fpath adamantin. Selon lui, cette pierre eft d'une couleur grife & quelquefois noirâtre, & plufieurs morceaux font mêlangés de mica. Sa forme criftalline eft celle d'un prifme droit exacdre régulier, dont les angles folides des bafes font quelquefois remplacés par des facettes triangulaires. M. l'Abbé Haiiy a remarqué que ce fpath avoit beaucoup d'action fur le barreau aimanté; mais cette action n'a lieu que pour les parties qui font noirâtres. Le même fpath mis en communication avec un

conducteur électrifé produit, à l'approche de la boule d'un excitateur, des étincelles très-fenfibles, mais feulement dans les mêmes parties noirâtres.

a trouvé

Quant à la ftructure du fpath, elle a fourni à l'Auteur des réfultats intéreffans pour fa théorie. (Planch. II, fig. 1) Soit bagfmlkh, un prisme du même fpath, & nor une de fes facettes accidentelles. L'Auteur que les divifions du prifme avoient la même inclinaifon que ces facettes, qui eft de 120° par rapport à la base du prifme, ce qui s'accorde avec la pofition des deux faces produites par le clivage dont nous avons parlé à l'endroit cité. Mais M. l'Abbé Hauy a obfervé de plus que les divifions n'étoient pas également praticables fur tous les angles folides. On ne peut en obtenir que fur trois angles d'un même fommet pris alternativement, & fur les trois angles de l'autre fommet intermédiaires entre les précédens; c'eft-à-dire, que fi, par exemple, les trois premières fections fe font fur les angles a, d, f, de l'extrémité fupérieure, les trois autres fe feront fur les angles h, l, p, de l'extrémité inférieure.

Si l'on fuppofe que les fix fections dont nous venons de parler s'entrecoupent jufqu'au point de fe rencontrer, il en résultera un rhomboïde aigua dlmoi (fig. 2), qui donnera la forme primitive du criftal & celle de fes molécules. D'après les calculs de l'Auteur, les deux diagonales al, dn du rhombe font entr'elles dans le rapport de 2 à V3, ce qui donne 81° 47' 10" pour l'angle aigu dan, & 98° 12' 50" pour l'angle obtus adl (1). Or, cette mefure eft précisément la même que celle des angles du rhombe, dans les molécules du vitriol martial, ainfi que M. l'Abbé Haüy fe propofe de le prouver dans un Mémoire particulier fur ce vitriol. « C'est à la Chimie, dit-il, qu'il appartient de décider fi » cette reffemblance de forme eft purement accidentelle, ou fi elle dépend de quelque rapport entre les natures des principes élémentaires de l'une & l'autre fubftance. Quoi qu'il en foit, en fe bornant ici à confidérer le fpath adamantin, d'après les caractères minéralogiques, on voir qu'il conftitue un genre particulier, parmi les pierres de la première claffe du Tableau de M. Daubenton, comme l'avoient conjecturé » MM. de la Métherie & Pelletier, & on pourra le diftinguer nettement » des autres pierres de cette claffe, par la forme de fes fragmens, qui feuls

(1) Le cofinus du petit angle eft ici du rayon. L'Auteur dit à ce sujet, que dans les divers rhomboides qu'il a obtenus jufqu'ici, en recherchant les formes primitives des cristaux, ces fortes de cofinus fe trouvent être des quantités rationelles. Ainfi dans le fpath calcaire, le cofinus eft du rayon; dans le fchorl, il en eft les; dans le grenat, le dans le fpath adamantin, le, comme on vient de le dire, & dans le rhomboide que l'on extrait du criftal de roche, par les fections les plus ordinaires, & qui fe réfout ultérieurement en tétraedres, il eft le du rayon. Cette férie de rapports commenfurables entre les cofinus des angles primitifs & les rayons, eft digne d'être remarquée.

» entre tous ceux des substances de la même claffe, font des rhomboïdes » aigus ».

A l'égard des loix de décroiffemens que fubiffent, dans ce fpath, les lames appliquées fur le noyau, elles font les plus fimples de toutes, c'eft-à-dire, qu'elles ont lieu par des fouftractions d'une feule rangée de

molécules.

M. l'Abbé Haüy a fait voir, (Effai d'une théorie fur la ftructure des Criftaux, page 220) que fi les lames empilées fur un noyau rhomboïdal décroiffoient vers leurs deux bords inférieurs, par une rangée de molécules, & à la fois fur leur angle fupérieur, fuivant la même loi, il réfulteroit de ces décroiffemens un prifme régulier exaëdre tout-à-fait femblable, quant à la forme extérieure, à celui du fpath calcaire, mais qui auroit une structure fort différente. Or, cette feconde ftructure que l'Auteur ne propofoit alors que comme étant dans l'ordre des poffibles, exifte dans le fpath adamantin: « & cette obfervation, ajoute M. l'Abbé Haiiy, n'eft » pas la feule de ce genre qui ait réalifé par des faits, les résultats que l'on » pouvoit établir d'avance, à l'aide des principes de la théorie ».

LETTRE

DE M. LE MARQUIS DE VICHY A M. DE LA METHERIE.

MONSIEUR,

Nous connoiffions déjà trois espèces de poiffons capables de donner la commotion électrique. Le premier eft la torpille, dont les anciens favoient la propriété d'engourdir la main lorfqu'on la touchoit. Mais ce fut Muffembroeck qui reconnut que cet effet dépendoit de l'électricité. Le fecond eft l'anguille de Surinam, (gymnotus eleâricus) dont M. Valsh eft parvenu à tirer de véritables étincelles électriques, (Journ. de Phyfiq. année 1776, tom. 8.) Le troisième eft le trembleur, dont parle M. Adanfon dans fon voyage au Sénégal, & décrit par M. Brouffonnet dans ce Journal, août 1785. C'est le filurus glanis de Linné. Celui dont j'ai l'honneur de vous envoyer la defcription que j'ai traduite des Tranfactions philofophiques, année 1786, me paroît mériter également l'attention des obfervateurs, & devoir trouver place dans votre intéreffant Recueil. Je le crois genre des tetrodons.

du