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Cette même chaîne contient auffi des mines métalliques qu'on exploite avec, fuccès. Les principales font les mines de cuivre de SaintBel & de-Seizi. Je connois auffi une mine de plomb qui fe trouve dans la Paroiffe de Propières, auprès de Beaujeu. C'est une galène pauvre. Il y a une galerie d'environ cent pieds toute creusée dans le granit, dans lequel on trouve des morceaux de cette galène. L'ouvrage a été abandonné de tems immémorial. Il y a auffi une mine de manganèfe a Romanèche dans le Mâconois. Des mines de plomb fe trouvent du côté d'Autun, &c. ...

La feconde chaîne de ces montagnes fe fépare de la grande mafle au-deffus de Saint-Rambert d'un côté, & de l'autre au-deffus d'Iloire & de Billon. C'eft au-deffus de Saint-Rambert où elle quitte la chaîne dont nous venons de parler. Ces deux chaînes font féparées par la Loire qui abandonne en cet endroit les montagnes granitiques pour entrer dans la plaine calcaire de Montbrifon. Cette feconde chaîne fépare le Forez de l'Auvergne, paffe à Saint-Juft en Chevalai, à Thiers, à Saint Pierre-le-Moutier, & va fe perdre aux environs. Elle eft bien moins longue que la précédente, & vient fe rejoindre du côté de Roanne à la première chaîne, en forte qu'on 'diroit que la plaine de Montbriffon a été autrefois un lac qui s'eft écoulé par la gorge qu'arrofe la Loire. Elles contiennent auffi des mines. On exploite du côté de Moulins une mine> très-riche de charbon. Il y a auffi une mine d'antimoine, &c. &c.)

La troisième chaîne fe fépare de la précédente au-deffus de Billon & d'Issoire, passe à Saint-Flour, Aurillac, au Puy-de-Dôme, &c. & laiffane) P'Allier & la plaine d'Auvergne au nord-ouest, coule du côté du Limoufin & de la Marche. Le Cher, la Creuze', l'Indre, fortent des différentes branches de cette chaîne, dont une s'étend du, côté de Poitiers, paffe à Mauleon, & va communiquer avec les montagnes gránitiques de la Bre tagne, d'où fort la Vilaine, & de-là fe propage en Normandie jufqu'à l Alençon. Dans les montagnes d'Auvergne fe trouvent des mines d'antimoine, &c. Il y a auffi des mines de charbon du côté d'Iffoire. En Bretagne il y a beaucoup de mines de plomb & de charbon. On en a retrouvé de ce dernier en Normandie, du côté d'Alençon. Cette même chaîne s'étend par le Poitou jufqu'aux fables d'Olone, où on retrouve des mines de plomb.

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La quatrième chaîne s'étend du côté de Toulouse, traverfe le pays de Foix, fépare les eaux qui se jettent dans la Méditerranée & l'Océan, va communiquer aux Pyrénées, qu'on doit (regarder cómme un autre centre de montagnes granitiques, qui s'étendent de l'Océan à la Médi terranée, & d'où partent toutes celles d'Efpagne. Cette quatrième chaîne s'étend fort loin, & donne différens rameaux, d'où fortent la Dordogne, le Lot, la Garone, une portion même de la Charente. Il doit y avoir des mines d'or dans cette chaîne, puifqu'on trouve des paillettes de ce

métal dans les fleuves qui en forrent. Il y a auffi beaucoup de mines de charbon du côté du Quercy, dont quelques-unes font enflammées, &c.

La cinquième chaîne de ces montagnes granitiques fe fépare du côté de Vivier, du Pont du Saint-Efprit, & vient fe perdre du côté d'Alais, où on trouve beaucoup de charbon.

Enfin, la fixième chaîne fe fépare de la grande masse au-deffus de Tournon, traverse le Rhône fur une largeur de quelques lieues, passe à Vienne en Dauphiné, traverse une partie de cette Province, & va fe joindre aux Alpes du côté de Briançon. Il y a auffi dans cette chaîne différentes mines; favoir, une mine de plomb auprès de Vienne, des mines d'or, d'argent, de plomb, de cuivre, à Allemont, à la Sure, &c. On vient auffi de trouver du charbon du côté de Briançon, &c.

Tels font les principaux rameaux granitiques des Cévennes. Entre la chaîne du Beaujolois & celle du Forez, coule la Loire, d'abord dans la plaine de Montbriffon, paffe à Roanne, Nevers, &c. L'Allier arrose la vallée de l'autre côté, entre les montagnes du Forez & celles d'Auvergne, paffe au Pont du Château, & va fe rendre dans la Loire au Bec d'Allier, au-deffous de Nevers. Le Cher coule dans la vallée qui eft entre les montagnes d'Auvergne & celles du Limoufin; la Creuze prend fes fources dans les autres montagnes du Limousin, ainsi qu'une partie des eaux de la Charente, qui fépare cette chaîne de la quatrième. Entre les différens rameaux de cette quatrième, coulent les différentes branches de la Garone, & quelques petites rivières du côté de la Méditerranée. Le Gar & les eaux de la cinquième chaîne fourniffent quelques rivières qui fe jettent dans le Rhône. La Durance, le Drac & l'Ifère coulent dans les vallées qui naiffent entre les chaînes des Alpes & celles du fixième rameau granitique. Enfin, la Saone & le Rhône reçoivent les eaux qui viennent de la partie nord-eft de la chaîne du Beaujolois & du Forez.

Les plaines qu'arrofent les fleuves naiffent toujours de la principale gorge des grandes montagnes. Celles-ci s'affaillant peu-à-peu donnent naiffance à celles-là. Commençons par celle où coule la Loire. Son origine eft au-deffus de Montbriffon. On y trouve des pierres calcaires, coquillières, &c. Cette plaine eft fermée par la réunion des montagnes granitiques de la première & feconde chaîne, au-deffus de Roanne, en forte qu'il paroît que cette plaine a été autrefois un lac. Mais les pierres calcaires reparoiffent à Pierreu, auprès de Roanne, à Voufgi, & fe continuent jufqu'à la mer. On trouve dans différens endroits le long de la-Loire, comme auprès de Mancigni, des plaines affez étendues entièrement compofées de pierres roulées que les eaux ont détachées des hautes montagnes, car elles font du genre des granitiques. Plus bas, du côté de Charolles, Guegnon, Percy, dans le Nivernois, le Berry, &c. les champs font pleins de mines de fer en grains qui font à peu de profondeur,

foit dans l'argile, foit dans les tranches calcaires, & qu'on exploite avec grand avantage. Tous ces pays font remplis de coquilles. Celles qu'on y trouve en plus grande abondance font les cornes d'ammon, les belemnites, les griphites, les oftracites, &c. Du côté de Briare en Gârinois, on trouve beaucoup de filex, foit feuls, foit en poudingues, des craies, &c. qui s'étendent jufqu'en Champagne. On rencontre puis les grès de Fontainebleau, de Villers-coteret, &c. qui font de tranfport, & qu'on reconnoît avoir été flottés par leur poli. Ils font fuperpofés fur des couches calcaires. En approchant de Paris du côté d'Efsône, on trouve beaucoup de pierres meulières ou quartz cariés, dont les cavités font pleines d'argile, & toujours dans les pays calcaires. Ces mêmes couches fe continuent dans la Normandie, la Picardie, la Champagne,' l'Artois, la Flandre, la Hollande, &c. Mais la nature de la pierre change. En Charolois elle eft le plus fouvent d'un gris ardoifé, affez dure, & la furface des lits eft raboteufe. Du côté de la Charité-fur-Loire la pierre eft blanche & très-rendre. A Paris elle eft tendre, jaune, par bancs épais, dont les furfaces font unies. Les coquillages qu'on y trouve font des vis, des peignes, &c.

Dans la Limagne d'Auvergne la pierre calcaire y eft commune; mais elle eft fi tendre qu'on a de la peine à l'employer. On fe fert de la pierre de Volvic, produit des volcans du Puy de Dôme, pour pierre de taille. La plaine eft parfemée de galets qui font tous volcaniques, & femblables à la pierre de Volvic, ce qui annonce le féjour de la mer dans le tems de l'éruption du volcan. Le piffaphalte fe fait jour de tous cotés aux environs de Clermont, au Pont du Château, mais principalement au Puits de Pege, ou Puits de Poix. C'eft une petite excavation de deux pieds de profondeur au plus fur un pied de large, fitué dans une petite éminence élevée feulement de quelques pieds au-deffus de la plaine, entre Clermont & Montferrand. J'ai vu vuider ce puits & le bitume fortir de nouveau du fond & le remplir bientôt. Ceci annonce encore des feux fouterrains qui volatilifent fans ceffe le bitume. Ce font peut-être les reftes du feu du volcan du Puy de Dome, qui faute d'eau ne caufent plus d'explofion. Cette plaine d'Auvergne vient rejoindre celles de la Loire au-deffous de Nevers.

On retrouve également des plaines le long du Cher, de la Charente, de la Garone, du Rhône, de la Durance, &c. dont toutes les montagnès font calcaires, comme il eft aifé de le voir par la carte ci-jointe. Quelques-unes de ces montagnes, telles que le Montvantoux en Provence, font affez élevées pour que la neige y demeure la plus grande partie de l'année. Une autre partie de ces plaines, telles que celles de la Durance, celles de la Crau, font toutes de cailloux roulés.

De Saint-Chaumont au Rhône toute la gorge eft calcaire en remontant par Milleri, Plus près des montagnes granitiques on trouve beaucoup de

kneifs ou de fchifte argileux micacé. En approchant de Lyon du côté de Vaize, tout eft caillou roulé. Ces cailloux font granitiques & quartzeux. De l'autre côté du Rhône, depuis Vienne jufqu'à Lyon, ce font les mêmes cailloux roulés qu'on retrouve en fuivant le Rhône prefque jufqu'à Genève. Le long de la Saone, dans la ville même de Lyon, on retrouve encore les granits. Le château de Pierre-Scize eft fur le granit, ainfi que la montagne vis-à-vis. Ces deux montagnes font très-rapprochées, & paroiffent avoir été féparées, en forte qu'on diroit que la Saone s'y eft ouvert un paffage, & que peut-être auparavant formoit-elle un lac qui couvroit une partie de la Dombe & de la Breffe.

Tout eft enfuite calcaire le long de la Saone jufqu'à fon origine, qui eft dans la Bourgogne, ainfi que le Bugei, la Breffe, la Comté, le Mâconnois, la Bourgogne, (excepté la petite partie de la première chaîne granitique dont nous avons parlé) la Champagne, &c. la Picardie, Flandres, &c. & on y trouve des montagnes fort élevées, telle que le Mont-Suzon, &c. Les pays calcaires s'étendent même fort avant dans les Alpes. Tout le Mont-Jura, qui tient depuis Genève, Laufane, Neufchatel, Bienne, &c. les monts Salèves, qui vont jufqu'au pied du Mont Blanc, &c. font calcaires; mais le Mont-Blanc & les branches font d'un granit dur, prefque tout compofé de quartz, de mica, & dans lequel j'ai apperçu peu de fchorl & de feld-fpath.

Ce fameux pic du Mont-Blanc paroît le centre des granits dans les hautes Alpes, & ces granits s'étendent depuis Nice par le Mont-Cénis, le Mont-Blanc, le Saint-Bernard, le Saint-Gothard, Schaffouze, & vont communiquer aux Vofges, qui font auffi en partie granitiques, & contiennent beaucoup de mines métalliques, tels que Sainte-Marie-auxMines, &c. Les Vofges s'abaillent enfuite & donnent naiffance à dés kneifs du côté de Liège, la Thierache, &c. C'eft fur leurs confins que fe trouvent les riches mines de charbon, du côté de Liège, & qui s'étendent à Namur, Mons, Valenciennes, &c. de l'eft à l'oueft, tandis que celles de Saint-Etienne s'étendent du côté d'Avalon du fud-eft au nord-oueft, &c. c'est-à-dire, que ces mines n'ont point de direction particulière, mais fuivent toujours celles des chaînes des montagnes où elles fe trouvent. La manière dont les pays granitiques & les pays calcaires fe touchent, méritent l'attention du Naturalifte. On avoit cru qu'ils étoient féparés par des gorges, des vallées, des ruiffeaux, des fchiftes, &c. Quoique cela: arrive quelquefois, le plus fouvent cela n'eft pas. Le granit s'amollit un peu, comme s'il fe décompofoit, ce qui forme une espèce d'argile ou de fchifte, & on trouve auffi-tôt le calcaire, fans qu'il s'y rencontre entre deux aucune vallée. Quelquefois, il eft vrai, ces fchiftes fe prolongent plus loin, avant qu'on rencontre le calcaire. D'autres fois les granits, paffent à l'état de kneifs ou granits feuillerés.

Les montagnes calcaires accompagnent prefque par-tout les montagnes

granitiques, & fouvent font auffi élevées. Il y a telle montagne calcaire qui eft toujours couverte de neige; telle eft le Mont-Ventoux en Provence, la Dole dans le Jura, le Mont-Buet aux Alpes, &c. tandis qu'on rencontre ailleurs des montagnes granitiques qui font peu élevées, telles font les chaînes des Cévennes, dont nous avons parlé. C'est dans les montagnes granitiques qu'on trouve les criftaux de roche dans de petites cavernes, qu'on appelle fours à criftaux. Ces criftaux de roche font affez fouvent recouverts d'argile, ou d'une efpèce de terre verte qui rapproche de la ftéatite. On trouve auffi dans les mêmes lieux de Fafbefte, de l'amianthe, &c.

Il y a très-peu de coquillages dans les pierres des hautes montagnes calcaires, tandis que celles des plaines en font remplies. J'ai trouvé néanmoins des pectinites dans la carrière de marbre auprès d'Aigle dans le Valais. Les couches n'y font point non plus conftamment parallèles, comme dans les plaines: fouvent elles font inclinées dans un fens d'un côté de la montagne, & de l'autre côté elles font dans un fens oppofé. J'ai vu au-deffus de Neufchatel, du côté de Moutiers-Travers, des bancs abfolument verticaux. La formation de pareils bancs feroit fort difficile à expliquer, à moins qu'on ne suppose, avec M. de Sauffure, que ces montagnes n'aient été bouleverfées; ce que je croirois fort volontiers, d'après l'infpection d'un grand nombre.

M. de Sauffure a parlé de gros blocs de granit qu'il a vus dans les montagnes calcaires du côté de Geneve, lefquels blocs il croit avoir été apportés des hautes Alpes, dans le tems qu'il fuppofe que le lac de Genève couvroit une partie de ce pays. J'ai trouvé des mêmes blocs de granit à une grande hauteur fur le Jura, du côté de Pontarlier.

Les lacs qui font fi abondans dans ces contrées & dans toutes les grandes montagnes, doivent diminuer journellement, foit par les débris des niontagnes que les torrens y charient, foit parce que les eaux qui en fortent creufent fans cefle le canal de dégorgement. Le lac de Geneve a beaucoup diminué par cette dernière raifon ; car tout ce qu'on appelle la ville-baffe à Genève & le quartier Saint-Gervais, étoit autrefois dans le lac, & il n'eft pas douteux qu'il décroîtra toujonrs de plus en plus. On pourroit même dire que la plupart des lacs fe tariront dans la fuite des fiècles par l'action réunie de ces deux caufes.

Toutes les montagnes granitiques, fchifteufes, calcaires, même celles de plâtre, qui ne fe rencontrent qu'au milieu des couches calcaires quoiqu'au premier coup-d'œil paroiffant mêlées & confondues, font cependant entièrement féparées : ce qui ne peut être que l'effer des loix générales de la criftallifation, comme je l'ai dit, (Mém. fur la Criftallifation, dans ce Journal, année 1782.)

L'origine des filons métalliques & des couches de charbon de terre a toujours paru très-difficile à expliquer, Les charbons ne fe rencontrent

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