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en ajoutant un acide, ce qu'il étoit facile de prévoir. L'événement fur différent quand fur quelques grains de foufre je verfai un peu d'huile & que je fis chauffer dans une fiole portant fyphon recourbé; auffi-tôt que le foufre fut fondu, l'huile commença d'agir fur lui, devint rouge & fournit un gaz hépatique, femblable à celui produit par les autres procédés.

J'ai encore obtenu ce gaz abondamment d'un mêlange de parties égales de foufre & de charbon de bois pulvérifé, qui avoit été, autant qu'il eft poflible, privé de l'air qu'il tient accidentellement, en le tenant long-tems chauffé au rouge dans un creufet, fur lequel on avoit luté un couvercle ayant un petit trou pour laiffer paffer l'air. C'étoit du gaz inflammable, comme il parut en lui préfentant une chandelle allumée à l'endroit par où il fortoit. Cependant il eft prefqu'impoffible de priver entièrement le charbon de bois de tout air étranger; car il le reprend auffi-tôt qu'il eft exposé à l'atmosphère.

Lorfqu'on diftille ce dernier mêlange, il donne une grande quantité de gaz hépatique & un peu de gaz inflammable, fans addition d'aucun acide. J'imaginai que la retorte n'étant qu'à moitié remplie, elle pouvoit contenir fuffisamment d'air atmosphérique pour qu'une partie du foufre pût fe brûler, & de cette manière fournir l'acide néceffaire; mais lorfque je remplis la cornue d'air phlogistiqué, à 1,8 par l'épreuve du gaz nitreux, & que je diftillai dans cet air le mêlange ci-deffus, le résultat fut exactement le même que quand la cornue étoit remplie d'air atmosphérique.

gaz

Six grains de pyrophore, compofé d'alun & de fucre, firent effervefcence avec l'acide muriatique & donnèrent 2,5 pouces cubiques. de hépatique; ce pyrophore avait été fait fix ans auparavant, il avoit été confervé dans un tube fermé hermétiquement & expofé plufieurs étés à la plus forte lumière du foleil; il étoit fi combuftible que quelques grains prirent feu pendant qu'on l'introduifoit dans la fiole pour en dégager le gaz hépatique.

Un mêlange de deux parties de fucre blanc (fondu auparavant pour le priver d'eau) & d'une partie de foufre, chauffé à environ 600 ou 700 degrés donna très-promptement du gaz hépatique dont l'odeur ressembloit beaucoup à celle de l'oignon ; il ne contenoit ni gaz acide méphitique, ni acide faccharin, ni aucun autre acide; mais le fucre & le foufre fondus enfemble, ne donnent point de gaz hépatique quand on les traite avec les acides. L'eau, l'efprit-de-vin & l'acide muriatique décompofent ce mêlange en diffolvant le fucre & laiffant le foufre.

La plombagine mêlée avec le foufre ne m'a pas donné de gaz hépa→ tique. J'effayai alors fi le foufre pouvoit fe combiner avec les fluides élaftiques. Voici quels furent les résultats.

Douze grains de foufre chauffés dans une cornue remplie de gaz inflammable métallique ne donnèrent point de gaz hépatique, quoique la cornue eût une odeur hépatique lorfqu'elle eût été refroidie & expofée

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quelque tems à l'air. Il eft vrai que la chaleur que j'y appliquois pouvoit être infuffifante; car le gaz inflammable s'élevant à une douce chaleur, le mercure montoit fi haut dans le col du récipient que craignant que la cornue ne cafsât, je fus obligé d'interrompre l'opération. Je ne réuffis pas mieux lorfque j'humectai le foufre avec de l'acide muriatique, avant la diftillation.

J'expofai encore pendant quatre jours 18 grains de foie de foufre à 6 pouces cubiques de gaz méphitique, à une chaleur de 70 degrés du thermomètre; le foie de foufre étoit un peu blanchi à la furface; le gaz n'avoit pas l'odeur hépatique, mais plutôt celle du pain. Il n'étoit pas converti en air phlogiftiqué, mais il fembloit s'être chargé d'un peu de foufre, que l'eau de chaux en fépara. Il n'étoit pas le moindrement diminué, & fembloit par conféquent avoir reçu une addition de gaz hépatique ou plutôt de soufre.

Je mis auffi une pâte de soufre & de fer pendant cinq jours en contact avec le gaz méphitique ; il ne fut pas diminué, mais il reçut une légère addition de gaz inflammable. La pâte retirée hors de ce gaz & expofée à l'atmosphère, s'échauffa fortement.

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Enfin, j'expofai trois grains de foufre à environ douze pouces cubiques gaz acide muriatique; au bout de quatre jours, ni le gaz, ni le foufre n'étoient diminués fenfiblement. Lorfque j'ajoutei un pouce cubique d'eau, le gaz fut réduit par l'abforption à un pouce, & celui-ci avoit une odeur hépatique; de manière que ni le foufre n'étoit décompofé, ni l'acide muriatique converti en gaz inflammable; l'eau avoit auffi une odeur hépatique, & contenoit évidemment du foutre; car elle précipita la diffolution d'argent en brun mêlé de blanc, & la diffolution nirreufe de cuivre en brun-rougeâtre ; lorfque j'y verfai de la diffolution de potasse, elle occafionna un précipité blanc, & c'étoit du foufre.

SECTION SECONDE.

Des caractères généraux du Gaz hépatique.

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J'ai pris le poids abfolu de ce gaz en le pefant dans une bouteille de verre purgée d'air auparavant par la machine pneumatique nouvellement perfectionnée par M. Hurter, dont l'effet eft fi confidérable qu'elle ne laiffe communément que d'air & fouvent. Cotre bouteille contenoit à-peu-près 116 pouces cubiques, & cette quantité de gaz hépatique pefoit 38,58 grains, le thermomètre étant à 67° 5′, le baromètre à 29.94, & l'hygromètre de M. de Sauffure à 84 degrés.. Le poids de 116 pouces cubiques d'air atmosphérique étoit dans le même tems de 34,87 grains. Ainfi un pied cubique de gaz hépatique pèfe dans ces circonftanc s 574,7089 grains; 100 pouces cubiques de ce gaz pèfent environ 33 grains; & fon poids relativement à l'air commun eft comme 10000 à

9038 (1). Ce gaz hépatique avoit été tiré de la pyrite artificielle ́par 1 acide muriatique.

On a déjà parlé de l'inflammabilité de ce gaz. Il ne détone jamais avec l'air commun; il ne peut être enflammé dans un vaisseau dont l'orifice est étroit, à moins qu'il ne foit mêlé avec une portion confidérable d'air. M. Schéele a trouvé qu'il s'enflammoir lorfqu'il étoit mêlé avec deux tiers d'air : fuivant M. Sennebier l'étincelle électrique ne l'allume pas lors même qu'il eft mêlé avec une certaine quantité d'air refpirable. J'ai obfervé que le mêlange d'une partie de gaz hépatique & 1,5 d'air commun brûloit avec une flamme bleue fans éclat ni détonation. Le foufre fe dépofe conftamment pendant la combustion, & on fent une odeur de gaz acide vitriolique. Le mêlange de parties égales de gaz hépatique & de gaz nitreux donne en brûlant une flamme vacillante, bleuâtre, verte & jaune; le foufre fe dépofe de même à proportion qu'il fe forme, une chandelle mife dans ce gaz brûle plus foiblement & s'éteint à la fin. Un mêlange de deux parties de gaz nitreux & d'une partie de gaz hépatique brûle en partie de même avec une flanime verte, & une chandelle s'éteint dans le réfidu, qui rougit lorfqu'il eft en contact avec l'air atmosphérique. J'ai fait un mêlange d'une partie de gaz nitreux & d'une de gaz hépatique, & j'y ai ajouté une partie d'air commun; à l'inftant que l'air commun fut introduit, le foufre fe précipita, & les trois mefures occupèrent l'efpace de 2,4 mefures; il brûla à la furface avec une large flamme verdâtre; mais la chandelle s'y éteignit lorfqu'on l'enfonça profondément.

Un mêlange de quatre parties d'air commun & d'une partie de gaz hépatique, brûla rapidement avec une flamme bleue; mais une partie d'air vital mêlée avec une partie de gaz hépatique, qui avoit été gardé huit jours, fit une explofion auffi violente qu'un coup de piftoler, & fi promptement que l'on ne put diftinguer la couleur de la flamme.

Toutes les espèces de gaz hépatique rougiffent l'infufion de tournefol. M. Bergman paroît penfer que fi ce gaz étoit lavé il ne produiroit pas cet effet; cependant, quand j'en ai paffé deux mesures à travers une mesure d'eau, ou quand je l'ai dégagé par l'ébullition de l'eau qui en étoit imprégnée, ou que j'ai fait repaffer celui qui avoit déja rougi l'infusion de tournefol, dans une quantité nouvelle de cette liqueur, il a manifefté la

(1) Ainfi il y a évidemment erreur dans le poids que j'ai affigné à l'air commun dans mon premier Mémoire d'après M. Fontana; car dans cette fuppofition l'air ne feroit pas même fept cens fois plus léger que l'eau, à la température de 55 degrés, & le baromètre à 29,5; ce qui contredit toutes les expériences aéroftatiques & barométriques, & je ne puis m'empêcher de remarquer l'accord de la pefanteur de l'air commun trouvée ici avec le réfultat des calculs de M. George Shuckburgh, il eft tel qu'il n'y a que deux grains de différence fur un pied cube.

même propriété, que par cette raifon je regarde comme lui étant effentielle.

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A l'égard de la folubilité dans l'eau, les gaz hépatiques extraits de diverfes matières, different confidérablement. A la température de 66 degrés, l'eau diffout, à l'aide d'une légère agitation, deux tiers de fon volume de gaz extrait par l'acide muriatique de l'hépar calcaire ou alkalin; de fon volume de gaz hépatique martial dégagé par le même acide; de celui extrait par le moyen de l'aci de vitriolique concentré ou de l'acide nitreux délayé, ou de l'acide faccharin, à la température de 60 degrés; de gaz hépatique boracin; de gaz hépatique acéreux, ainfi que de celui produit par l'huile d'olive; & un volume égal au fien du gaz produit par le mêlange de fucre & de foufre. En général, j'ai penfé que celui qui exigeoit plus de chaleur pour fa production, devoit erre le plus foluble, quoique dans quelques épreuves, particulièrement dans celle du gaz hépatique acéteux, cetre circonftance n'ait

pas lieu. Mais le phénomène le plus remarquable que préfente l'union du gaz hépatique avec l'eau, eft qu'il n'eft point permanent, même l'eau que l'on avoit fait bouillir pour en challer l'air, devint trouble, quelques jours après fa faturation avec le gaz hépatique, & au bout de quelques femaines, elle l'avoit dépofé prefqu'entièrement en forme de foufre, quoique la bouteille fût toujours bien bouchée, ou renverfée dans l'eau. ou le mercure. Cependant l'eau ne décompofe en aucune manière le gaz hépatique en l'abforbant, car la portion qui refte non-absorbée par une quantité d'eau, peut l'être par une plus grande quantité, & brûle comme tout autre gaz hépatique. La chaleur ne dégage point ce gaz de l'eau qu'elle ne foit au degré de l'ébullition.

Aucun des gaz hépatiques que j'ai examinés ne précipite la chaux de l'eau de chaux, excepté le gaz hépatique charbonneux; & même celui ci produit à peine un précipité fenfible, à moins qu'on n'en fasse passer une grande quantité dans une petite portion d'eau de chaux.

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La diffolution de l'acete barotique devient brune & trouble par contact de ce gaz, mais celle de muriate barotique n'eft point altérée, non plus que la dissolution des autres terres. Les diffolutions métalliques font changées par ce gaz, comme par l'eau hépatique dont je parlerai dans la cinquième Section.

Mais de tous les réactifs pour le gaz hépatique, le plus délicat & le plus fenfible eft la diffolution nitreufe d'argent. Suivant qu'elle eft plus ou moins chargée, elle devient noire, brune ou d'un hrun rougeâtre, par le contact du gaz hépatique, quoique mêlé avec d'autres gaz, ou autres fubftances. Quand l'acide n'eft pas faturé ou qu'il eft en grande proportion, le précipité brun ou noir, qui n'eft que de l'argent fulfuré, eft rediffous.

On peut encore remarquer que tout gaz hépatique eft un peu diminué

en reftant long-tems fur le mercure, dont alors il noircit la furface; c'eft ce qui arrive particulièrement avec le gaz hépatique charbonneux, qui enlève sûrement & volatilife une partie du ch rbon duquel il eft extrait, fur-tout cette portion du gaz qui paffe à la plus grande chaleur. Ce charbon fe dépofe par l'addition de l'eau.

SECTION TROISIÈME.

De l'action du Gaz hépatique & des autres fluides aériformes les uns fur les autres.

Un mélange de fix pouces cubiques d'air commun & de fix pouces de gaz hépatique ayant été tenu pendant huit jours fur le mercure, il n'y eut aucune altération ni dans le volume ni autrement, quoiqu'on pût appercevoir une diminution de. Le mercure étoit légèrement noirci, il en fut de même, lorsqu'on employa trois mesures d'air commun & une de gaz hépatique. L'eau absorba le gaz hépatique. Il ne s'y trouva point de gaz méphitique.

Cinq mefures de gaz hépatique & cinq d'air vital, (fi pur qu'une mesure de cet air & deux mefures de gaz nitreux étoient réduites à trois dixièmes) ne furent point altérées au bout de huit jours; le mercure fe trouva feulement noirci, il n'y eut point de gaz méphitique produir, ni d'air vital phlogistiqué. Quand le mêlange fut allumé il partit tout-d'uncoup avec un grand bruit.

Quatre mefures d'air phlogistiqué & quatre de gaz hépatique reftèrent feize jours fans diminution; alors l'eau prit le gaz hépatique & laiffa l'air phlogistiqué.

Quatre mefures de gaz inflammable & autant de gaz hépatique n'avoient éprouvé aucun changement au bout de fix jours.

Deux mefures de gaz hépatique & deux de gaz acide muriatique ne furent point diminuées au bout de trois jours. Le mercure fur lequel étoit ce mêlange ne noircit point. L'eau les absorba tous les deux, elle précipita la diffolution d'argent en noir.

La même quantité de gaz hépatique & de gaz acide méphitique n'avoit éprouvé au bout de quatre jours aucune diminution fenfible. Quatre mefures d'eau abforbèrent la plus grande partie de ces deux gaz, cette eau avoit une odeur hépatique, elle précipita l'eau de chaux & la diffolution d'argent comme à l'ordinaire. Le réfidu éteignoit la chandelle.

Le gaz acide vitriolique, les gaz nitreux & alkalin, produifent des effets très-remarquables fur le gaz hépatique.

Deux mefures de gaz hépatique ayant été introduites avec deux mefures de gaz acide vitriolique, ils formèrent auffi-rôt un dépôt jaune blanchâtre qui couvrit le fond & les côtés du récipient; les deux gaz, fans être agités, furent réduits à un peu plus d'une mefure; mais l'incrustation

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